RDC

Des ONG veulent poursuivre l'ex-patron de la "police politique" de Kabila

Kalev Mutond, ancien chef de l'ANR (agence nationale de renseignement) pour la RDC en réunion à Goma, en RDC, le 25 janvier 2917. (VOA/Charly Kaseraka)

Des défenseurs congolais des droits de l'Homme ont annoncé mercredi leur intention de poursuivre en justice l'ex-patron du renseignement, entre autres pour "détention arbitraire" et "tortures", au lendemain de l'annonce de son remplacement par le nouveau président de la RD Congo.

Des ONG accusent Kalev Mutond d'avoir fait de l'Agence nationale de renseignement (ANR) une "police politique" au service du régime de l'ancien président Joseph Kabila.

Patron tout puissant de l'ANR depuis 2011, proche de M. Kabila, M. Kalev est l'un des 14 responsables congolais sous sanctions de l'Union européenne (UE) pour atteinte aux droits de l'Homme et entrave à la démocratie.

"Maintenant qu'il n'est plus là, il doit être poursuivi par la justice. Sous Kalev ces huit dernières années, l'ANR a détenu au secret des opposants, des animateurs de la société civile et des mouvements citoyens pendant de longues périodes, sans l'assistance des avocats et des familles", a déclaré à l'AFP Jean-Claude Katende, président de l'Association africaine des droits de l'Homme (Asadho).

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Il a cité en exemple Carbone Beni et ses trois compagnons du mouvement pro-démocratie Filimbi, détenus au secret dans les locaux de l'ANR pendant six mois en 2018 sans bénéficier de l'assistance de leurs avocats. Ils ont été libérés en décembre 2018 juste avant les élections du 30.

"Des dossiers sont déjà constitués. Nous comptons les déposer dans deux semaines", a-t-il ajouté.

Le président de l'Association congolaise pour l'accès à la justice (Acaj), Me Georges Kapiamba, a également annoncé des poursuites "avec un groupe de familles de victimes", "une dizaine", "d'ici le mois prochain".

"Ce sont des victimes d'enlèvements, d'arrestations, détention arbitraire, tortures, mauvais traitements", a-t-il énuméré.

Kalev Mutond a été remplacé à la tête de l'ANR par son numéro deux, Inzun Kakiak.

"Nous espérons que son successeur va opérer une rupture et qu'il va mettre au centre de son travail le respect de la Constitution et des droits humains", a commenté M. Kapiamba.

"L'ancien système était basé sur la répression systématique des opposants et des militants de la société civile", a-t-il jugé. "C'était une police politique en vérité".

M. Katende a mis en garde le nouveau président Félix Tshisekedi de "ne pas nommer Kalev à d'autres fonctions afin qu'il réponde d'abord des faits imprescriptibles de violation des droits de l'Homme qui pèsent sur lui".