RDC

Des retraités congolais à l'oeuvre pour protéger les forêts

ARCHIVES- Des arbres coupés dans une forêt congolaise, le 12 novembre 2016: le Sud-Kivu a perdu 12 % de son couvert forestier au cours des deux dernières décennies.

En RDC, les forêts de la province du Sud-Kivu sont en train de s'épuiser, en partie à cause de la production de charbon de bois. Mais à Bukavu, un club de retraités s’est lancé dans la fabrication de granulés de bois, leur rapportant de l'argent tout en aidant à conserver leurs précieuses forêts.

Bavon Mubake a récemment pris sa retraite d'un poste de fonctionnaire. Avec ses amis du centre de réadaptation pour personnes âgées de Bukavu, il s'est trouvé une nouvelle vocation en fabriquant des pastilles de combustible avec les déchets de la ville, un moyen de gagner de l'argent mais surtout de protéger l’environnement.

“Nous sortons donc et ramassons toutes sortes de déchets, des tiges de maïs aux feuilles en décomposition. Nous les ramenons ici et les trempons. Nous les séchons ensuite et les broyons en poudre. Nous mettons la poudre dans de l'eau bouillante et la mélangeons avec de la sciure de bois carbonisée, puis nous la transformons en briquettes”, affirme Bavon Mubake.

Avec un accès limité à l'électricité, la plupart des habitants de Bukavu cuisinent au charbon de bois provenant d'arbres abattus dans le parc national voisin, qui abrite les gorilles des plaines de l'Est, une espèce en voie de disparition.

Les briquettes fabriquées par M. Mubake et ses collègues coûtent moins cher, 100 francs congolais, soit un dixième du coût du charbon de bois traditionnel. Elles sont également sans fumée et sans odeur.

En abattant les arbres, ils finiront par disparaître, et pourtant on ne pense pas au reboisement. Alors, en coupant les arbres et en produisant le bois de chauffage ça brûle et c'est fini ? Nous pensions qu'il fallait collecter les déchets, les recycler et en faire une autre forme d’énergie”, soutient Sylvestre Bin Kyuma Musombwa, superviseur du centre de réadaptation pour personnes âgées de Bukavu.

"Les gens disent que lorsque vous vieillissez, vous pouvez vous asseoir et attendre la mort, mais nous pensions que c'est en travaillant que vous pouvez retarder la vieillesse”, explique M. Kyuma Musombwa

Après seulement trois mois de fonctionnement, le centre produit environ 2 000 briquettes par semaine, ce qui contribue à réduire la dépendance de la ville de Bukavu à la forêt tropicale.

La province du Sud-Kivu, où se trouve Bukavu, a perdu 12 % de son couvert forestier au cours des deux dernières décennies, selon Global Forest Watch, en grande partie à cause de l'agriculture sur brûlis et de la production de charbon de bois.

Avec cette initiative, Mubake et ses amis ont montré… qu’on n'est jamais trop vieux pour être utile.