Des soldats irakiens formés par Washington accusés d'avoir mené des exécutions à Mossoul

Des formateurs américains lors d’un entrainement des Forces spéciales armées dans le camp Makhmur, Irak, 11 décembre 2016.

"Une division de l'armée irakienne entraînée par le gouvernement américain aurait exécuté plusieurs dizaines de prisonniers dans la vieille ville de Mossoul", indique HRW dans un communiqué.

Une unité de l'armée irakienne formée par les forces américaines a mené des exécutions sommaires de prisonniers à Mossoul, a rapporté jeudi Human Rights Watch (HRW), appelant les Etats-Unis à suspendre leur assistance à cette division.

Cette annonce intervient après la diffusion de vidéos censées avoir été tournées dans la région de Mossoul, dans le nord de l'Irak, montrant des membres des forces irakiennes exécuter un détenu et en battre d'autres violemment.

L'Irak a proclamé la victoire contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) à Mossoul le 11 juillet mais les abus présumés commis par des forces de sécurité --en majorité chiites-- dans la deuxième ville du pays où les sunnites sont majoritaires, pourraient de nouveau semer les graines d'une discorde confessionnelle.

"Une division de l'armée irakienne entraînée par le gouvernement américain aurait exécuté plusieurs dizaines de prisonniers dans la vieille ville de Mossoul", a déclaré HRW dans un communiqué, en référence au centre-ville densément peuplé de la rive ouest.

"Deux observateurs internationaux ont détaillé les exécutions sommaires de quatre personnes par la 16e division de l'armée mi-juillet, et vu des preuves selon lesquelles l'unité avait exécuté beaucoup plus de gens, dont un enfant", a souligné l'ONG.

La coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis a fourni un soutien à plusieurs unités irakiennes en matière de formation, conseil et assistance.

"Le gouvernement américain devrait s'assurer qu'il ne fournit plus d'assistance à l'unité irakienne responsable de cette série d'exécutions", a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient.

- 'Enquêter sur les violations' -

La coalition a dit ne pas être en mesure de confirmer les allégations, soulignant cependant la nécessité d'enquêter sur des violations du droit international des conflits armés.

"Nous ne pouvons pas vérifier l'authenticité des informations, mais toute violation du droit des conflits armés est inacceptable et doit faire l'objet d'une enquête transparente", affirme la coalition dans un courrier électronique en réponse à des questions de l'AFP.

"Leurs auteurs doivent rendre compte de leurs actes (...) conformément au droit irakien", ajoute-t-elle.

La coalition a confirmé avoir entraîné, conseillé et équipé la 16e Division, affirmant que, "dans certaines circonstances, si des unités soutenues ne se conforment pas aux directives, le soutien peut (leur) être retiré".

HRW avait découvert ces dernières semaines une série de vidéos diffusées sur internet qui semblaient montrer d'autres abus commis par les forces irakiennes dans la région de Mossoul.

Sur l'une d'entre elles, des hommes vêtus d'uniformes de l'armée irakienne battent un détenu et le jettent du haut d'une falaise avant de lui tirer dessus. Trois autres vidéos montrent des hommes en uniformes de l'armée et de la police frappant des prisonniers.

Plus tôt dans l'opération visant à reprendre Mossoul, un journaliste irakien intégré à la Force d'intervention rapide avait signalé que les membres de cette unité d'élite s'étaient livrés à des actes de torture, des viols et des meurtres.

Le journaliste, qui a depuis quitté l'Irak, a filmé certaines de ces exactions.

Avec AFP