Des épargnants libanais en colère vandalisent des banques

Plusieurs dizaines d'épargnants ont brisé les vitrines de banques et incendié des pneus jeudi à Beyrouth pour réclamer leur argent bloqué.

Plusieurs dizaines d'épargnants ont brisé les vitrines de banques et incendié des pneus jeudi à Beyrouth pour réclamer leur argent bloqué, selon des photographes de l'AFP, au moment où la monnaie libanaise connaît une chute effrénée face au dollar.

Dans le quartier de Badaro à Beyrouth, une cinquantaine de personnes ont vandalisé les façades d'au moins quatre banques et brûlé des pneus devant celles-ci, lors d'une manifestation à l'initiative d'une association d'épargnants. Les manifestants se sont ensuite regroupés devant la maison d'un banquier dans la banlieue de Beyrouth, selon les médias locaux.

Depuis le début de la crise économique sans précédent déclenchée en 2019, la livre libanaise a perdu plus de 95% de sa valeur par rapport au billet vert. Les épargnants n'ont plus accès à leurs économies bloquées dans des banques, qui ont restreint les retraits et transferts d'argent.

L'année dernière, une série de braquages commis par des clients voulant retirer leurs économies avait poussé les banques à fermer partiellement pendant plusieurs semaines. Le 6 février, l'Association des banques du Liban (ABL) a annoncé une grève ouverte du secteur. Seuls les distributeurs de billets sont restés ouverts.

"Il y a trois ans, ils ont volé notre argent", a déclaré à l'AFP l'un des manifestants, Pascal al-Rassi. "Certains ici sont millionnaires mais n'ont pourtant pas un sou en poche", poursuit ce médecin, déterminé à manifester jusqu'à récupérer son argent.

La livre s'échangeait à près de 80.000 LL pour un dollar jeudi, selon des sites surveillant le taux de change et des cambistes, alors que début février, elle s'échangeait autour de 60.000 LL pour un dollar. Cette nouvelle chute s'est traduite par une hausse des prix des produits de base, dans un pays où plus de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Mercredi, en réaction à la détérioration de leurs conditions de vie, des dizaines de chauffeurs de taxi ont bloqué la route devant le ministère de l'Intérieur à Beyrouth pour protester contre la baisse de leurs revenus.

Le Liban connaît l'une des pires crises économiques au monde depuis 1850, selon la Banque mondiale, et la vacance du pouvoir aggrave la situation. Depuis le 1er novembre, le Parlement, divisé, a échoué à élire un président à onze reprises. Le pays est dirigé par un gouvernement intérimaire incapable d'adopter des réformes indispensables pour obtenir une aide de la communauté internationale.