Pressenti comme un potentiel rival du président Jair Bolsonaro pour la présidentielle de 2022, cet ancien juge de 52 ans a dénoncé un "outrage à la démocratie", tout en promettant de prendre "toutes les mesures nécessaires" pour annuler la décision judiciaire qui l'a écarté du pouvoir.
Véritable coup de tonnerre, l'ordre de destitution a été pris par un juge du Tribunal supérieur de justice, haute cour basée à Brasilia, obligeant le gouverneur à quitter son poste pour au moins six mois, le temps de son procès.
Dans son arrêt, le juge Benedito Gonçalves justifie cette mesure extrême en affirmant que "le groupe criminel" dont M. Witzel est le dirigeant présumé "continue à agir, détournant et blanchissant des fonds en pleine pandémie de Covid-19, sacrifiant les vies de milliers de personnes".
Dès l'aube, des hélicoptères ont survolé la résidence officielle du gouverneur, qui a été perquisitionnée, dans le cadre d'une vaste opération mobilisant des dizaines de policiers et visant également d'autres personnes liées à M. Witzel, y compris son épouse.
Lire aussi : Vital Kamerhe introduit une nouvelle demande de libération provisoire à KinshasaDans le cadre de la même opération policière, le parquet fédéral de Rio a émis plusieurs mandats d'arrêt: la police a notamment interpellé le Pasteur Everaldo, président du Parti social chrétien (PSC), la formation politique du gouverneur.
Selon le parquet, dès le début de son mandat, en janvier 2019, M. Witzel tenait une caisse noire pour recevoir des pots-de-vin lors de l'attribution de contrats à la suite d'appels d'offre truqués.
Les soupçons portent notamment sur des détournement de fonds censés être destinés à l'achat de respirateurs et à la construction d'hôpitaux de campagne pour des patients atteints du Covid-19. Seul deux des sept hôpitaux prévus ont été finalement construits.
Des perquisitions avaient déjà été menées à la résidence officielle du gouverneur Witzel le 26 mai et deux semaines plus tard l'assemblée législative de l'Etat de Rio avait ouvert une procédure de destitution à son encontre.
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"Ils n'ont rien trouvé. C'est un cirque", a lancé Wilson Witzel lors d'un discours d'une grande virulence à sa résidence officielle du Palais de Laranjeiras, dénonçant un "possible usage politique" de la machine judiciaire.
"Je suis en train d'être massacré politiquement parce qu'il y a des intérêts puissants qui ne veulent pas de moi au pouvoir et veulent détruire l'Etat de Rio", a-t-il affirmé.
"C'est comme ça que meurent les démocraties, quand les adversaires politiques sont détruits en utilisant la machine publique et en cooptant les institutions", a-t-il insisté, avant de citer le président Bolsonaro, sans pour autant le mettre en cause directement.
Le vice-président, Hamilton Mourao, a dit pour sa part que "la corruption semble s'être enracinée à Rio". Dans un pays où la corruption est un fléau, les quatre prédécesseurs de Wilson Witzel ont également eu maille à partir avec la justice pour corruption, dont Sergio Cabral (2007-2014), qui purge une peine de plus de 50 ans de réclusion.
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