Deux associations demandent à l'ONU d'enquêter sur des accusations de viols à Djibouti

Antonio Guterres au siège de l'ONU à New York, le 13 octobre 2016.

L'ONG française Femmes Solidaires et le comité des femmes djiboutiennes contre le viol et l'impunité ont réclamé l'ouverture d'une enquête de l'ONU après des accusations de viols commis par l'armée djiboutienne.

Pour l'obtenir, les deux associations ont lancé jeudi une pétition internationale qui sera adressée au futur secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

Elles ont également adressé cet été des photocopies de plaintes et de certificats médicaux à la commission de l'ONU sur le statut des femmes. Celle-ci a demandé une réponse au gouvernement djiboutien qui n'a toujours pas réagi, selon Femmes Solidaires.

Au printemps, vingt Djiboutiennes avaient mené en France et en Belgique une grève de la faim pour interpeller la communauté internationale.

Cette mobilisation avait débouché sur l'adoption en mai d'une résolution au Parlement européen invitant "les Nations unies à enquêter sur la situation des droits de l'Homme à Djibouti, en particulier la situation des femmes dans ce pays".

"Nous demandons que cette résolution ne reste pas lettre morte", a déclaré Sabine Salmon, présidente de Femmes Solidaires, lors d'une conférence de presse à Arcueil, en région parisienne. Selon le comité des femmes djiboutiennes, 246 cas de viols par des militaires ont été recensés depuis 1993. "Les derniers datent de mars", a précisé Mme Salmon.

Ces femmes Afar - une ethnie qui vit dans une zone à cheval sur l'Ethiopie, Djibouti et l'Erythrée - accusent les soldats djiboutiens combattant depuis 1991 la rébellion Afar du Front pour la restauration de l'unité et la démocratie (FRUD armé) de se venger sur les populations civiles, notamment par des viols.

"Avec une enquête, le gouvernement djiboutien ne pourra plus dire que ces femmes mentent, qu'elles sont manipulées à des fins politiques", a expliqué Sabine Salmon.

Aïcha Dabalé, porte-parole en Europe du Cofedvi, a dénoncé "le silence complice des États militairement présents" à Djibouti - France, États-Unis, Allemagne, Chine et Japon - qui "ferment les yeux et laissent détruire les femmes" au nom, selon elle, "d'intérêts géostratégiques".

En avril, un porte-parole du gouvernement de Djibouti avait déclaré à l'AFP que "ces allégations n'avaient aucune crédibilité. Depuis 1991, aucune preuve n'a été fournie aux autorités djiboutiennes pour étayer ces affirmations".

Avec AFP