Deux avocats camerounais, dont un opposant membre du MRC, en garde à vue

Maurice Kamto, chef du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) donne une conférence de presse à Paris, France, le 30 janvier 2020.

Deux avocats, dont un opposant engagé dans la défense des droits humains, sont en garde à vue depuis deux jours au Cameroun, notamment pour de présumés outrages à magistrat, ont annoncé vendredi à l'AFP deux de leurs confrères.

L'arrestation mercredi par la police judiciaire de Richard Tamfu et de Armel Tchuemegne à Douala, la capitale économique, a été confirmée à l'AFP par un responsable de la police qui a requis l'anonymat.

Me Tamfu est un membre actif du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), l'un des principaux partis de l'opposition à l'inamovible président Paul Biya. Les cadres et militants du MRC sont régulièrement la cible d'arrestations et de procès depuis que son leader, Maurice Kamto, arrivé en deuxième position, conteste la réélection de M. Biya en 2018.

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M. Kamto lui-même, et des dizaines de membres du MRC, avaient passé neuf mois en prison sans être jugés en 2019 après avoir manifesté pacifiquement contre la réélection de M. Biya, 87 ans dont 38 à diriger le Cameroun d'une main de fer. Ils avait été remis en liberté après d'intenses pressions internationales.

Mais M. Kamto est aujourd'hui retenu à son domicile de Yaoundé encerclé par la police depuis deux mois, sans que la justice lui ait notifié quoi que ce soit, après avoir appelé à des "manifestations pacifiques" pour le départ du chef de l'Etat.

Me Tamfu a été interpellé mercredi "sans mandat", a assuré à l'AFP Désiré Sikati, membre d'un collectif d'avocats qui réclament la libération immédiate de leurs deux confrères qui étaient toujours jeudi soir dans les locaux de la police judiciaire, selon Me Sikati et Me Hippolyte Meli, autre avocat du collectif.

Me Sikati a rencontré Me Tamfu dans la matinée. "Il m'a dit qu'il lui est reproché des faits supposés d'outrage à magistrat, de troubles du service et destruction" à la suite d'échauffourées, le 10 novembre, dans un tribunal de Douala où les policiers étaient intervenus violemment pour déloger des avocats manifestant pour la libération de deux de leurs confrères.

Plusieurs avocats avaient été blessés au cours de cette intervention musclée de la police.

Le Cameroun est le théâtre d'une contestation du pouvoir de M. Biya inédite en 38 ans et d'une guerre sanglante depuis quatre ans entre des rebelles séparatistes et les forces de sécurité dans deux régions de l'ouest peuplées majoritairement par la minorité anglophone camerounaise.

Les deux camps sont régulièrement accusés par les ONG internationales et l'ONU de commettre des crimes contre les civils.

Me Tamfu est très connu au Cameroun pour son engagement en faveur des droits humains, notamment dans la crise anglophone.