Des milliers de personnes ont défilé au centre de Sejnane pour réclamer du travail et protester contre la marginalisation de cette région par le pouvoir central, a indiqué à l'AFP Amor Barhoumi, secrétaire général régional du puissant syndicat UGTT, qui a précisé qu'une grève générale avait par ailleurs été observée mardi dans la ville.
Environ sept mille personnes ont participé à cette manifestation à la fin de laquelle un groupe d'environ 200 personnes a attaqué un poste de la garde nationale en jetant des pierres, blessant deux agents, a de son côté affirmé à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur Khlifa Chibani.
Les forces de sécurité ont dispersé les protestataires en faisant usage de gaz lacrymogène et ont arrêté cinq personnes, a-t-il ajouté.
Des violences avaient déjà eu lieu vendredi à Sejnane (gouvernorat de Bizerte) en réaction au décès à l'hôpital d'une femme qui avait tenté s'immoler par le feu le mois dernier pour protester contre la suppression d'une aide sociale.
Selon le ministère de l'Intérieur, des protestataires avaient incendié le siège d'une unité locale des Affaires sociales et cassé les fenêtres de la sous-préfecture. Des policiers avaient été blessés, avait ajouté le ministère sans préciser leur nombre.
Une première grève générale avait été observée dans cette ville le 22 novembre, quelques jours après la tentative d'immolation par le feu au siège de la sous-préfecture de Radhia Mechregui, décédée début décembre lors de son hospitalisation.
Cette mère de cinq enfants voulait protester contre l'annulation du versement de l'aide sociale de 150 dinars (51 euros) de son mari, malade, après plusieurs réclamations restées sans réponse.
"L'acte de désespoir et de colère de Radhia Mechergui a été l'étincelle qui a déclenché la colère des habitants de Sejnane", avait estimé le 22 novembre M. Barhoumi, de l'UGTT. "La rue est en train de bouillir", disait-il.
En dépit d'avancées démocratiques depuis la révolution de 2011, "le chômage, la misère et les inégalités sociales et régionales se sont aggravés" en Tunisie, a averti l'ONG locale FTDES dans un récent rapport.
En novembre, des centaines de policiers tunisiens ont manifesté à Sfax, deuxième ville du pays, au centre-est. Ils réclamaient l'adoption d'un projet de loi très controversé visant à "protéger" les forces de sécurité, au lendemain du décès d'un des leurs, poignardé par un "extrémiste".
Avec AFP