Deux morts dans l'attaque d'un bar dans l'est du Burundi, une première dans cette zone

Des soldats dispersent la foule à Bujumbura, le 7 mai 2015. (AP Photo/Jerome Delay)

L'attaque a eu lieu dans la commune de Gisuru, tuant un policier et un client, a-t-on appris mardi. Selon le gouverneur local, les assaillants étaient quatre et se sont enfuis vers la Tanzanie.

Un policier et un client ont été tués lors de l'attaque au fusil d'assaut d'un bar de la commune de Gisuru, a annoncé mardi un responsable local, une première dans l'est du Burundi depuis le début des violences liées à la contestation du troisième mandat du président Pierre Nkurunziza.

Selon Hassan Abdallah, gouverneur de la province orientale de Ruyigi où est située Gisuru, proche de la frontière tanzanienne, "un groupe de quatre criminels armés de fusils d'assaut se sont introduits vers 21H00 dans un bar".

"Ils ont ouvert le feu sur les clients et ont tué un policier et un directeur d'école, avant de partir sans avoir rien volé", a expliqué le gouverneur par téléphone à l'AFP, ajoutant que les tireurs s'étaient ensuite enfuis vers la Tanzanie, dont la frontière est à moins de 10 km des lieux.

La Tanzanie accueille plus de la moitié des plus de 210.000 Burundais ayant fui vers les pays voisins la crise émaillée de violences, déclenchée fin avril par la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat, qui selon ses adversaires viole la Constitution et l'accord d'Arusha ayant permis la fin de la guerre civile (1993-2006).

"C'est la première fois que notre province est attaquée de cette manière", a souligné M. Abdallah.

La candidature de M. Nkurunziza a déclenché fin avril six semaines de manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura et a provoqué une tentative de coup d'Etat militaire à la mi-mai.

La mise en échec du coup d'Etat, l'étouffement des manifestations et la réélection controversée de M. Nkurunziza en juillet n'ont pas empêché l'intensification des violences, désormais armées, caractérisées par des assassinats ciblées, et des attaques contre la police et des bars.

Ce type d'attaques avaient jusqu'ici été enregistrées surtout à Bujumbura et dans les collines du Bujumbura-Rural qui surplombent la capitale, ainsi que dans des provinces frontalières du Rwanda, où selon les autorités une rébellion, animée par certains auteurs du coup d'Etat manqué, est en gestation.

Les violences liées à la crise ont déjà fait plus de 240 morts selon l'ONU, et la communauté internationale craint qu'elle ne débouche sur des exactions à grande échelle, dix ans après la fin de la guerre civile, dans un pays dont l'histoire post-coloniale est marquée par des massacres entre majorité hutu et minorité tutsi.

AFP