Après quatre ans de procès, la justice allemande rend lundi son verdict contre deux chefs de la rébellion hutu rwandaise, accusés d'avoir orchestré à distance des crimes contre l'humanité et de guerre dans l'est de la RDC.
L'accusation leur reproche d'avoir piloté depuis l'Allemagne, où ils ont obtenu l'asile et vivent depuis plus de vingt ans, "toute la palette d'atrocités que l'on peut imaginer dans une guerre civile", selon le procureur Christian Ritscher.
Massacre de plus de 200 civils, viols, pillages, incendies, recrutement d'enfants, prises d'otages ; les deux hommes devaient répondre de 26 crimes contre l'humanité et 39 crimes de guerre, commis en 2009, ainsi que de la "direction d'une entreprise terroriste à l'étranger".
Ce procès a été suivi par des associations de défense des droits humains, qui y ont dépêché des observateurs, et devrait "servir d'avertissement à tous les individus soupçonnés de crimes de guerre", selon Human Rights Watch.
La défense, qui a plaidé l'acquittement, a contesté la chaîne de commandement supposée des FDLR, faisant des deux accusés de simples dirigeants politiques dénués d'influence sur les exactions commises sur place.
Le parquet a requis la perpétuité contre Ignace Murwanashyaka, et 12 ans d'emprisonnement contre Straton Musoni.
Le verdict marque la "première tentative" pour l'Allemagne de "contribuer à la traque mondiale" des pires criminels, souligne le Centre européen pour les droits constitutionnels et humains (ECCHR).
D’autres cas pourraient suivre. Selon Kai Ambos, professeur de droit pénal international à l'université de Göttingen cité par l'agence DPA, la justice allemande voit désormais affluer les plaintes de Syriens pour les crimes perpétrés dans leur pays en guerre.
Avec Afp