Tom Erdimi, 67 ans, est arrivé en fin de matinée à N'Djamena à bord d'un vol d'EgyptAir, et a été accueilli notamment par son frère jumeau Timan Erdimi, cofondateur avec lui et commandant en chef de l'Union des forces de la résistance (UFR), l'un des trois principaux mouvement rebelles armés.
Après que l'UFR eut longtemps accusé le pouvoir tchadien d'avoir "négocié" avec l'Egypte l'arrestation et la détention de Tom Erdimi, Timan avait notamment exigé son retour au pays pour la participation de son groupe au Dialogue National Inclusif et Souverain (DNIS), lancé le 20 août mais qui progresse pour l'heure très laborieusement.
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A sa descente d'avion, Tom Erdimi a remercié "les Tchadiens (...) qui se sont mobilisés" pour "faciliter (sa) libération" et "en particulier" son frère et "le président du Conseil militaire de transition", le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno.
Ce dernier s'est autoproclamé président de la République le 20 avril 2021, à la tête d'un groupe de 15 généraux, à l'annonce de la mort de son père Idriss Déby Itno, tué au front contre des rebelles après avoir dirigé ce pays d'Afrique centrale d'une main de fer pendant 30 ans.
Arborant l'ample boubou blanc traditionnel, chéchia vissée sur la tête, Tom Erdimi a été chaleureusement accueilli par de nombreux proches et sympathisants, en présence de deux ministres du gouvernement nommé par la junte.
Il a appelé à "la paix et la réconciliation, dans un système démocratique", un mois après le début des travaux du DNIS et à 15 jours de sa clôture prévue. Rien n'a filtré à ce jour sur les conditions de la libération de Tom Erdimi au Caire après une grâce du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Dès l'annonce de la mort de son père, Mahamat Déby avait promis aux Tchadiens et à la communauté internationale, qui l'adoubait aussitôt, de rendre le pouvoir aux civils par des "élections libres et démocratiques" après une transition de 18 mois, renouvelable une fois, et un grand dialogue de réconciliation nationale incluant toutes les oppositions, politique et armée.
Mais la majorité des partis de l'opposition et organisations de la société civile regroupés au sein d'une plate-forme, Wakit Tamma, ainsi que deux des trois groupes armés les plus puissants et les plus redoutés, boycottent le DNIS. Ils accusent les militaires – Mahamat Déby au premier chef – de chercher à se maintenir à la tête du pays en ne dialoguant qu'avec des personnalités du pouvoir ou proche de lui.