Le FMI a calculé que parmi les économies avancées, un pays maîtrisant la corruption dispose en moyenne de recettes fiscales plus élevées de 4,5% du produit intérieur brut (PIB). Pour les pays émergents, la différence est de près de 3% et de 4% pour les pays à bas revenus.
A eux seuls, les pots-de-vin versés chaque année sur le globe totalisent 1.500 milliards de dollars, représentant environ 2% du PIB mondial.
"Le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme sont les autres dimensions inquiétantes de ce problème", avait souligné mardi Christine Lagarde la directrice générale du FMI dans son discours prononcé en amont des réunions de printemps.
"Cette nouvelle étude confirme ce que nous suspectons depuis longtemps: la corruption mine la croissance. Elle accroît les inégalités. Elle nourrit la défiance" en les institutions et les gouvernements, a-t-elle également commenté.
L'une des conséquences de la corruption est l'allocation plus faible de budgets à l'éducation et à la santé, notent les auteurs du rapport. C'est en particulier le cas pour les pays pauvres ou émergents, ajoutent les chercheurs du FMI.
Plus la corruption est répandue et plus le phénomène est persistant, expliquent-ils également. "Un responsable d'un organisme public sera davantage tenté d'accepter un pot-de-vin quand +tout le monde+ les accepte", observent-ils ainsi.
L'opposé est vrai: plus la corruption est rare, moins la tentation est grande d'accepter un pot-de-vin par crainte d'être pris en faute.
"S'extirper de la haute corruption est donc difficile" mais quelques pays à l'instar de l'Estonie, la Géorgie, le Liberia et le Rwanda ont fait des progrès importants en la matière "dans une période relativement courte" grâce à des changements politiques majeurs, notent les économistes de manière plus positive.
La Géorgie était considérée comme l'un des pays les plus corrompus du monde jusqu'en 2003. Pourtant, la lutte efficace contre la corruption s'est traduite par une hausse des recettes fiscales qui sont passées de 12% du PIB en 2003 à 25% en 2008, ont-ils ainsi détaillé.
"Il y a des raisons d'espérer en matière de lutte contre la corruption. Nous sommes convaincus que les réponses politiques adéquates peuvent faire la différence", a réagi Christine Lagarde.
Lors de ses réunions de printemps 2018, le FMI avait adopté un nouveau cadre réglementaire destiné à évaluer de manière "plus systématique" la corruption dans ses 189 pays membres.
Au-delà de l'évaluation de la nature et de la gravité de la corruption, de l'examen de la gouvernance, le FMI avait annoncé qu'il s'attaquerait aux acteurs privés.
Les secteurs considérés comme les plus corrompus sont ceux de l'énergie, des services publics et des transports.