Le chef de l'Etat burkinabè, qui résiste depuis février à des mouvements de colère multiples au sein de l'armée, a dû faire face dans la nuit de jeudi au vendredi 15 avril à une mutinerie de la propre garde présidentielle qui s'est étendue à d'autres militaires.
Quelques 200 soldats du régiment de la sécurité présidentielle du Burkina Faso ont déclenché des tirs nourris. Ils étaient mécontents de n’avoir pas obtenu l’augmentation de solde qu’ils escomptaient. Certaines sources parlent de primes de logement non payées.
Cette mutinerie a entraîné la dissolution du gouvernement dirigé par le Premier ministre Tertius Zongo, et le limogeage du chef d'état-major des armées, le général Dominique Djindjéré, remplacé par le colonel-major Honoré Nabéré Traoré.
Les tirs ont commencé à la présidence et ont duré quelques heures, rapporte notre correspondant Zoumana Wonogo. « Ça tirait partout dans la ville, des tirs en l’air », a expliqué notre correspondant. Les habitants de Ouagadougou, qui redoutaient d’être victimes de balles perdues, se sont terrés chez eux, dit Zoumana Wonogo.
Selon notre correspondant, le président burkinabé Blaise Compaoré se trouvait au palais présidentiel au début des tirs, mais a été conduit à une autre résidence présidentielle par sa garde rapprochée.
Les tirs de la nuit traduisent « un malaise profond » au sein de l’armée, dont la démographie a beaucoup changé, explique notre correspondant. Les anciens soldats, souvent issus des « recrutements sous l’arbre » sont en train de céder la place à des jeunes souvent nantis du baccalauréat ou même de la licence. Ces derniers ont « les mêmes problèmes que les étudiants, (…) les mêmes problèmes que les jeunes fonctionaires », a dit Zoumana Wonogo.