Dix ans après le soulèvement du 23-Juin, la société civile sénégalaise veille toujours

Des jeunes activistes, à Dakar, Sénégal, le 23 juin 2021.

Il y a 10 ans, des Sénégalais se sont opposés au vote d’une réforme constitutionnelle, un "ticket présidentiel", qui était considéré comme une tentative de passer la main au fils du président de l'époque, Abdoulaye Wade. Une grande manifestation avait eu lieu devant le Parlement suivie d’affrontements entre forces de l’ordre et citoyens, obligeant le pouvoir à retirer le projet de loi controversé.

Tout est parti de l’après-midi du 22 juin 2011 à la salle Daniel Brothier de Dakar. Sur place, des leaders de l’opposition politique se réunissent pour voir quelle stratégie il faut adopter pour contrecarrer le projet de révision constitutionnelle du président Wade.

A leurs côtés, des jeunes rappeurs, journalistes, citoyens lambda désavouent leurs discours et engagent la bataille de la rue.

Kilifa, rappeur et membre fondateur du mouvement "Y en marre", se rappelle du sens de leur engagement. "On venait de constater un recul démocratique alors à un moment on disait qu’il fallait pas rester les bras croisés, ni rester muets sans dénoncer ça", se souvient-il.

"Le 23 juin a un impact"

Le 23 juin, les jeunes et les membres du Mouvement Y en a Marre investissent la devanture de l’Assemblée nationale et font face aux forces de l’ordre. Au début, les manifestants ne sont pas très nombreux mais les images diffusées en direct à la télévision incitent des citoyens à les rejoindre sur le terrain.

Angel Sagna avait rejoint la manifestation spontanément et aujourd’hui elle lutte encore pour la sauvegarde de la démocratie.

"Le 23-Juin a un impact, on est là, le mouvement n’est pas mort. On est là, on se bat toujours pour le peuple, les gens qu’on emprisonnait sans raison parce qu’ils défendaient leurs droits, parce que ce sont des démocrates", affirme-t-elle.

De nouveaux mouvements

Dix ans après le 23 juin 2011, les jeunes Sénégalais engagés au sein de la société civile, notamment par des mouvements comme "Y en a marre" ne sont pas prêts à se désengager. Pour eux, l’essentiel c’est de défendre la démocratie sénégalaise quitte à être taxés de politiciens encagoulés.

Pour que la liberté d’expression, la justice et la démocratie puissent être une réalité partout, le pari de la décentralisation a été lancé au sein de la société civile. Aujourd’hui d’autres mouvements à l’image de "Y en Marre" sont nés et se développent à travers le Sénégal.

Mamadou Aw est membre de la coordination des "mouvements pour la défense de la démocratie" dans le département de Saint-Louis. Il explique le sens de son engagement inspiré par les événements du 23 juin 2011.

"Plus on est unis, plus on est ensemble, plus on est fort. Si on va seul, ça nous affaiblit donc mieux vaut regrouper nos forces et adhérer dans les mouvements", conclut-il.