"Des présumés ADF (Forces démocratiques alliées) ont attaqué Beni dans la nuit par le nord à partir du quartier Boikene. Huit civils ont trouvé la mort par balles, un militaire a été tué et une présumée milicienne ADF a aussi été tuée", a affirmé à l'AFP Gilbert Kambale, président de la Société civile de Beni, ville du nord de la province du Nord-Kivu.
"Les Forces armées de la RDC (FARDC) ont intercepté des ADF et, dans les échanges de tirs, des civils et des militaires ont été tués", a déclaré pour sa part le lieutenant Mak Hazukay, porte-parole de l'armée dans la région, joint par téléphone de Goma, capitale du Nord-Kivu.
"Les agents de la mairie de Beni sont en train de transférer le corps d'une présumée ADF et huit autres corps dans un gros véhicule", a témoigné auprès de l'AFP Rossy Mupenda, conducteur de taxi-moto qui assistait à l'opération ce matin.
Depuis octobre 2014, environ 700 personnes ont été tuées dans une série de massacres ou d'attaques dans la région de Beni. La dernière tuerie d'envergure a coûté la vie à plus de cinquante civils mi-août.
Pour la Mission de l'ONU en RDC (Monusco) et le gouvernement congolais, les auteurs de ces tueries, commises essentiellement à l'arme blanche, sont des combattants ADF, groupe rebelle ougandais musulman installé dans l'est de la RDC depuis 1995.
Cette version est remise en cause par des chercheurs à New York et un groupe d'experts onusiens pour qui les ADF partagent cette responsabilité avec d'autres groupes armés et certains éléments des FARDC, avec la complicité de certains chefs militaires locaux.
Vendredi, l'organisation de défense des droits de l'Homme américaine Human Rights Watch (HRW) a dénoncé l'incapacité de Kinshasaet de la Monusco à endiguer la violence dans la région de Beni, les exhortant à définir "une nouvelle stratégie pour protéger les civils" dans cette zone.
La province du Nord-Kivu, comme l'ensemble de l'est de la RDC, est déchirée par des conflits armés depuis plus de vingt ans.
Avec AFP