"Le juge des référés du tribunal administratif de Paris a suspendu la décision du ministère et abaissé l'âge d'interdiction aux moins de 16 ans pendant la durée de cette suspension", a annoncé à l'AFP l'avocat du ministère Me Jacques Molinié.
"Nous sommes surpris de la décision du juge car nous pensions que le fait d'abaisser l'âge d'interdiction pour un film relevait du seul pouvoir du ministre de la Culture", a-t-il souligné.
Une seconde procédure, engagée au fond par les auteurs du documentaire, vise, elle, à obtenir l'annulation pure et simple de l'interdiction aux mineurs. Celle-ci avait été décidée le 27 janvier par Fleur Pellerin, alors ministre de la Culture, en raison de "l'extrême violence" de certaines scènes du film diffusées sans commentaires.
"Les dites scènes, par leur portée et la façon dont elles sont introduites dans le documentaire, participent à la dénonciation des exactions commises contre les populations", a estimé le juge dans son ordonnance.
"Le film, qui comporte des scènes de résistance ou de dissidence, permet au public, du fait même de sa conception d'ensemble et de la violence de certaines images, de réfléchir sur la portée de ce documentaire et de prendre le recul nécessaire face aux images ou aux propos qui ont pu y être présentés", a-t-il poursuivi.
"Je prends cet décision comme une victoire" s'est réjoui le coréalisateur du film, François Margolin joint par l'AFP.
"On nous disait qu'on faisait l'apologie du terrorisme, qu'on faisait le jeu des jihadistes et tout cela est démenti par le juge qui a dit que ce que nous avons voulu faire est exactement le contraire", a-t-il ajouté.
Tourné au Mali, en Irak, Algérie, Tunisie et Mauritanie, "Salafistes", qui entend montrer les jihadistes "tels qu'ils sont", selon ses auteurs, donne la parole à des responsables d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et à des autorités religieuses salafistes.
Il est entrecoupé d'images de propagande et de vidéos jihadistes, sans voix off, ni commentaires et montre de façon très crue l'application de la charia au quotidien.
Il est extrêmement rare que l'interdiction aux moins de 18 ans, réservée habituellement aux films jugés trop violents ou trop pornographiques, touche un documentaire.
Avec AFP