Le documentaire "Hissène Habré, une tragédie tchadienne" est présenté en sélection officielle, mais hors compétition. Aucune image d’archives n'a été utilisée dans ce documentaire. Mahamat Saleh Haroun a préféré suivre Clément Abaifouta interroger des victimes et des rescapés du régime d'Hissène Habré.
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Mahamat Saleh Haroun a imaginé ce documentaire comme un espace commun partagé par des victimes et des anciens bourreaux qui doivent continuer à vivre ensemble.
Comme pardonner ? Comment oublier cette tragédie ? Des questions difficiles dont les solutions sont loin d'être évidentes résume le réalisateur tchadien.
Certaines scènes ont été particulièrement fortes à tourner, notamment celle où un bourreau refuse de demander pardon estimant qu'il a seulement obéi aux ordres. Une méthode de défense "cliché" qui ressemble à celles des nazis ou de tout criminel ayant torturé analyse Mahamat Saleh Haroun sur VOA Afrique. "Ce bourreau se considère comme un chien qui a été dressé pour attaquer, pour lui, il n'y a pas de matière à le juger en justice".
Des prières pour 2053 co-détenus décédés
Même si M. Haroun connaît très bien les tortures infligées par la DDS, certains témoignages l'ont particulièrement choqué. Tout au long de sa détention, un survivant lui a confié avoir prié pour 2053 co-détenus morts successivement dans sa cellule.
Et cette autre victime, blessée si gravement, qu'il était obligé de rester allongé depuis 20 ans ne supportant aucune autre position. Un supplicié qui est finalement mort deux jours avant l'ouverture du procès d'Hissène Habré, procès qu'il attendait comme une délivrance.