Donald Trump offre à ses alliés de nouvelles grâces controversées

Paul Manafort (au milieu, en noir), ancien directeur de campagne du président américain Donald Trump, arrive au tribunal le 27 juin 2019 à New York. Il figure parmi les personnes qui bénéficie de la grâce du président.

Des personnalités mises en cause dans l'enquête russe, le père de son gendre et conseiller Jared Kushner... Donald Trump a accordé mercredi une nouvelle salve de grâces présidentielles controversées, qui ont provoqué l'indignation jusque dans son propre camp.

La Maison Blanche a dévoilé dans la soirée une liste de près de trente grâces et autres mesures de clémence.

Parmi les bénéficiaires figurent Paul Manafort, ex-directeur de campagne de Donald Trump en 2016 et son ancien conseiller Roger Stone: deux personnalités mises en cause dans l'enquête sur l'ingérence russe dans la présidentielle américaine, lors de laquelle Trump avait été élu.

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"Les mots sont insuffisants pour exprimer toute notre reconnaissance", a salué Paul Manafort sur Twitter.

Ce dernier purgeait une peine de sept ans et demi de prison pour diverses fraudes débusquées dans le cadre de l'enquête du procureur Mueller, deux années d'investigation sur une possible collusion entre la Russie et l'équipe Trump. Il avait été placé en résidence surveillée en mai en raison de l'épidémie de coronavirus.

"Bande de criminels" -

Mais Donald Trump a aussitôt été accusé de recourir -- une fois de plus -- de façon abusive au droit de grâce: fin novembre, il avait déjà gracié Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale, également mis en cause dans la même affaire russe.

"Pourri jusqu'à la moelle", a fustigé le sénateur Ben Sasse, un républicain.

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"Trump vient de gracier une autre bande de criminels de son gang", a dénoncé l'élu démocrate du Texas Lloyd Doggett sur Twitter.

Le père de Jared Kushner, son jeune gendre et conseiller, figure aussi dans la liste publiée mercredi par l'exécutif américain. Charles Kushner avait été condamné en 2004 à deux ans de prison pour des malversations fiscales.

"Ce spectacle est toujours révoltant. Et c'est loin d'être fini!", a critiqué David Axelrod, ancien conseiller de Barack Obama.

Loyauté avant tout

Le président américain avait déjà annoncé mardi soir une quinzaine de grâces et cinq autres mesures de clémence, qui bénéficiaient notamment à quatre ex-agents de la sulfureuse société de sécurité privée Blackwater, reconnus coupables du meurtre de 14 civils irakiens en 2007 à Bagdad.

Ils avaient été reconnus coupables d'avoir ouvert le feu à la mitrailleuse et jeté des grenades sur un carrefour très fréquenté de Bagdad, alors qu'ils circulaient en véhicules blindés, un carnage qui avait suscité une indignation mondiale.

La Maison Blanche a affirmé que les quatre hommes, tous anciens militaires, avaient "un long passé de service à la nation".

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Mais à Bagdad, l'officier de police irakien qui a mené les enquêtes sur la fusillade a exprimé son indignation. "Je m'en souviens comme si c'était hier", a déclaré à l'AFP Fares Saadi. "Je savais que nous ne verrions pas la justice".

"Tout ceci me donne envie de vomir", a jugé l'ancienne sénatrice démocrate Claire McCaskill, qui siégeait à la commission des Forces armées de la Chambre haute. "Cette grâce déshonore notre armée de façon indicible."

La société Blackwater, qui a depuis disparu, avait été fondée par l'un des plus farouches partisans de Donald Trump, Eric Prince, qui est aussi le frère de la ministre de l'Education Betsy DeVos.

Pour le groupe anticorruption Citizens for Responsibility and Ethics in Washington (CREW), "le message de Trump est clair: la justice ne s'applique pas à vous si vous lui êtes loyal".

Donald Trump envisagerait également, selon la presse américaine, d'accorder une grâce préventive à ses enfants, à Jared Kushner et à son avocat personnel Rudy Giuliani, avant de quitter la Maison Blanche en janvier.

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Le milliardaire aurait aussi évoqué l’éventualité de se gracier lui-même de crimes pour lesquels il pourrait être poursuivi en relation avec son mandat. En 2018, il avait affirmé avoir "le droit absolu" de prendre cette mesure, qui serait un précédent.