Pyongyang dénonce les critiques américaines avant le sommet intercoréen

Le leader nord-coréen Kim Jong Un le 15 mai 2017.

Pyongyang a jugé "ridicules" les critiques des Etats-Unis sur son bilan en matière de droits de l'homme alors que le tourbillon diplomatique s'intensifie avant des sommets entre Kim Jong Un, Séoul et Washington.

Dernière annonce en date avant la réunion entre M. Kim et le président sud-coréen Moon Jae-in vendredi dans la Zone démilitarisée qui divise la péninsule, le président américain Donald Trump a exigé du Nord qu'il renonce à son arsenal nucléaire tout en présentant son dirigeant comme quelqu'un de "très ouvert" et de "très honorable".

Séoul a annoncé que M. Moon informerait par téléphone M. Trump des résultats du sommet immédiatement après la rencontre, promettant une "étroite coordination" avec Washington.

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Le Nord est accusé de toute une série de violations des droits de l'homme, meurtres extrajudiciaires, actes de torture, répression des dissidents ou enlèvements de ressortissants étrangers.

Dans son rapport annuel 2017 sur les droits de l'homme dans le monde, le département d'Etat américain vient d'accuser le Nord de "violations flagrantes des droits de l'homme", allant des exécutions en place publique à la surveillance généralisée de ses citoyens.

Ces dernières semaines, Pyongyang a fait preuve d'une réserve inhabituelle dans ses critiques contre Séoul et Washington. Au lieu de ses diatribes contre "les impérialistes américains", le Nord, en pleine offensive de charme, s'est borné à critiquer des agissements susceptibles "de refroidir l'atmosphère du dialogue".

Mais il a dénoncé avec virulence ce rapport "calomniant brutalement" la Corée du Nord.

Pyongyang a également présenté les Etats-Unis comme un "foyer" de violations des droits de l'homme dont la culture des armes à feu est "comme un cancer".

Traité de paix?

Washington s'est autoproclamé "juge des droits de l'homme", a raillé l'agence officielle nord-coréenne KCNA mardi soir.

"Le véritable but (des Etats-Unis) est de désintégrer ces pays qui lui désobéissent et de créer les prétextes pour des pressions et des agressions politiques, militaires et économiques".

M. Moon devrait chercher vendredi à convaincre M. Kim de renoncer à ses armes nucléaires afin de faire retomber durablement les tensions sur la péninsule.

Les deux hommes pourraient aussi discuter d'un éventuel traité de paix pour mettre formellement un terme à la Guerre de Corée (1950-1953) qui s'était arrêtée sur un armistice, ou encore d'une reprise des réunions de familles divisées par le conflit.

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M. Moon a fait savoir au Premier ministre japonais Shinzo Abe qu'il évoquerait également le problème de ses ressortissants enlevés par des agents nord-coréens dans le but de former les espions de Pyongyang, question très sensible à Tokyo.

Selon Séoul, le conseiller à la sécurité nationale de M. Moon Chung Eui-yong a rencontré à Washington son homologue John Bolton.

Les deux conseillers sont convenus d'accorder étroitement leurs violons et ont discuté d'une éventuelle rencontre entre président américain et sud-coréen avant le tête à tête historique annoncé entre Donald Trump et Kim Jong Un.

Les compliments adressés par M. Trump au numéro un nord-coréen tranchent considérablement avec les insultes personnelles qu'il lui réservait encore l'année dernière, quand il le qualifiait "d'homme fusée" et menaçait de déchainer "le feu et la furie" sur la Corée du Nord.

Moratoire

Mais, a martelé M. Trump, les Nord-Coréens doivent "se débarrasser de leurs bombes atomiques".

Depuis son arrivée au pouvoir fin 2011, M. Kim a présidé à une accélération fulgurante des programmes nucléaire et balistique nord-coréens. En 2017, Pyongyang a mené son essai nucléaire le plus puissant à ce jour et testé des missiles mettant à sa portée le territoire continental des Etats-Unis.

M. Kim a annoncé samedi un moratoire sur les essais nucléaires et les tirs de missiles à longue portée. Il a également déclaré que le site d'essais nucléaires de Punggye-ri serait fermé.

Mais d'après les spécialistes de 38 North, des activités de forage de tunnel y ont été observées jusqu'en mars et se sont poursuivies avec une intensité moindre début avril. "Cela pourrait vouloir dire que le tunnel est terminé et prêt à de futurs nouveaux essais ou alors que le ralentissement reflète les changements politiques en cours".

Le troisième sommet intercoréen se tiendra du côté sud de la DMZ.

M. Trump a parfois dénoncé le bilan nord-coréen en matière des droits de l'homme mais à l'approche du sommet, il a rarement évoqué la question.

La ministre sud-coréenne des Affaires étrangères Kang Kyung-wha a d'ores et déjà affirmé que la question ne serait pas discutée.

Human Rights Watch a appelé Séoul à "revoir" sa décision, jugeant que la réunion était une occasion "cruciale pour un peuple nord-coréen qui souffre depuis longtemps".

Avec AFP