Ce financement vise à "appuyer les efforts" de la Tunisie "pour favoriser la relance de l'économie à travers l'amélioration de la gestion des finances publiques et du climat des affaires et investissements", selon un communiqué diffusé par les deux parties. Cette aide avait été convenue lors de la signature d'un accord de principe le 16 juillet à Tunis pour un nouveau "Partenariat" entre l'UE et le pays nord-africain, qui incluait aussi un important volet de lutte contre l'immigration irrégulière.
Lire aussi : En Tunisie, une "violence institutionnelle quotidienne" contre les migrantsL'Etat tunisien, qui consacre une bonne partie de ses ressources à rembourser un endettement d'environ 80% de son PIB, a un besoin pressant de liquidités pour financer l'achat de produits subventionnés, tels que le lait, la farine, le riz ou l'huile ménagère, qui connaissent des pénuries chroniques. L'aide consistera en un "transfert financier direct au trésor public tunisien", selon le communiqué, qui confirme la volonté de "mise en oeuvre" des autres volets (énergie, échange d'étudiants) dans un "partenariat d'égal à égal".
Début octobre, un différend avait opposé Bruxelles à Tunis qui avait restitué à l'UE un financement de 60 millions d'euros, une démarche inédite pour un pays partenaire, selon Bruxelles. Le président tunisien, Kais Saied, avait dit rejeter la "charité" de l'UE et assuré que la somme avait été versée "sans que les autorités tunisiennes n'en aient été informées au préalable", dénonçant une "atteinte à la dignité" de son pays.
Les fonds étaient en réalité prévus dans le cadre d'un programme d'aide à la relance post-Covid, sans lien avec le protocole de juillet, qui inclut aussi une aide de 105 millions d'euros à la Tunisie pour lutter contre l'immigration irrégulière. Le volet migratoire fait l'objet de controverses y compris entre pays européens, liées à des inquiétudes sur les atteintes aux droits des migrants en Tunisie.
Selon un rapport publié lundi par l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), les migrants originaires d'Afrique subsaharienne en Tunisie vivent dans des conditions "indignes" et font l'objet "d'arrestations arbitraires, déplacements forcés et expulsions illégales" vers les frontières avec Libye et Algérie. Plus de 8.500 ont été expulsés depuis juin, selon des chiffres communiqués à l'AFP par des sources humanitaires internationales.