Démantèlement d'un gang nigérian à la tête d'un réseau de proxénétisme en France

Une prostituée postée dans une rue de Nice en France, 21 novembre 2013. (Photo AP)

Un gang criminel nigérian à la tête d'un réseau de proxénétisme particulièrement violent a été démantelé à Marseille, a annoncé vendredi la procureure de cette ville du sud de la France, Dominique Laurens.

A l'aube mardi, 150 fonctionnaires de police sont intervenus dans un quartier de Marseille pour interpeller dix membres de ce groupe. Parmi eux, certains seraient également des passeurs impliqués dans l'immigration du Nigeria vers la France, ont précisé lors d'une conférence de presse des représentants de la police judiciaire et du parquet.

Huit de ces hommes ont été déférés au parquet, dont quatre avaient déjà été mis en examen et placés en détention provisoire vendredi à la mi-journée, notamment pour proxénétisme aggravé, violences avec armes et en réunion, viols aggravés et association de malfaiteurs. Ils encourent jusqu'à vingt ans de réclusion.

Les enquêteurs français avaient été alertés en août 2019 par la plainte d'un couple contraint de prêter allégeance à ce groupe qui forçait la jeune femme à se prostituer. Selon la procureure de Marseille, Dominique Laurens, au moins six autres femmes nigérianes ont été victimes de prostitution forcée par ce réseau.

Cette enquête confirme les profonds changements dans la nature du proxénétisme nigérian, a insisté Mme Laurens, en soulignant que jusque-là les victimes étaient plutôt contrôlées par des "mamas", d'anciennes prostituées s'assurant de leur soumission avec des rites vaudou traditionnels.

Les premières conclusions de l'enquête ont révélé la barbarie de ce gang à l'égard de ces femmes, arrivées en France après un périple traumatisant, qu'ils maintenaient sous leur emprise en leur infligeant des viols collectifs et d'autres sévices sexuels.

Ces gangs, qui se livrent une guerre intra-communautaire farouche, se sont largement implantés sur le territoire français ces dernières années, autour des villes de Paris, Lyon (est) et Marseille.

La lutte contre les mafias nigérianes engagée en Italie a poussé ces réseaux à se déplacer vers le sud-est de la France, rappelle l'Office français de l'immigration de l'intégration (Ofii).

Ces gangs profitent des dettes considérables accumulées par ces jeunes Nigérianes, dont le périple pour se rendre en France peut coûter jusqu'à 60.000 euros, afin de les soumettre à la prostitution, au racket et à l'extorsion.

Ces affaires se multiplient désormais devant la justice française. En novembre 2019, à Lyon, les 24 membres d'un réseau de proxénétisme nigérian avaient ainsi été condamnés à des peines allant jusqu'à sept ans d'emprisonnement.