Démission au sein de l'Autorité électorale en solidarité avec les juges tunisiens

Des manifestants bloqués par la police alors qu'ils se dirigeaient vers le siège de l'autorité électorale ISIE, lors d'un rassemblement contre leur président, à Tunis, le 4 juin 2022.

Un juge membre de l'Autorité électorale en Tunisie a démissionné lundi en solidarité avec des magistrats en grève contre la révocation de 57 de leurs confrères par le président Kais Saied.

Habib Rebii, nommé le 9 mai par le président Saied comme membre de l'Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (Isie), a annoncé sa démission sur sa page Facebook.

"J'ai présenté ma démission de l'Isie en soutien à mes confrères juges et pour réclamer une loi fondamentale de la magistrature conforme aux standards internationaux", a-t-il écrit.

Sa démission survient six semaines avant un référendum prévu le 25 juillet sur une nouvelle Constitution voulue par M. Saied, qui s'est arrogé les pleins pouvoirs il y a onze mois.

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M. Rebii, juge administratif, avait été désigné comme membre de l'Isie après que le président Saied s'est octroyé le 22 avril le droit d'en nommer le chef et trois de ses sept membres.

Les magistrats tunisiens ont entamé le 6 juin une grève, entrée lundi dans sa deuxième semaine, pour protester contre la révocation de leurs confrères.

Le président a révoqué les 57 magistrats le 1er juin en les accusant de corruption et entrave à des enquêtes, après avoir renforcé sa tutelle sur le système judiciaire.

Depuis le 25 juillet 2021, assurant agir dans l'intérêt du pays, M. Saied concentre tous les pouvoirs et dirige la Tunisie par décrets-lois, faisant craindre une dérive autocratique dans le berceau du Printemps arabe.

Pour sortir de l'impasse provoquée par son coup de force, qualifié de "coup d'Etat" par ses opposants, le président a proposé une feuille de route qui prévoit un référendum sur la Constitution le 25 juillet et des législatives anticipées le 17 décembre.