Le président du Conseil européen Donald Tusk et le Premier ministre conservateur David Cameron, sous pression des europhobes de l'Ukip et d'une frange eurosceptique de son propre parti, n'ont pas réussi à trouver un accord dimanche soir lors d'une rencontre au 10, Downing Street.
A la sortie des négociations, M. Tusk a promis un "travail intensif dans les prochaines 24 heures", jugeant la séquence "cruciale" alors que M. Cameron veut arracher un accord aux chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE lors d'un sommet à Bruxelles les 18 et 19 février, ce qui lui permettrait d'organiser le référendum britannique sur la question dès juin.
"Les négociations continuent", y compris "plus tard dans la journée à Bruxelles", a expliqué une source européenne lundi matin.
M. Tusk, qui représente les 28 Etats membres de l'UE, espérait initialement soumettre ce lundi les propositions des Européens visant à répondre aux demandes de réformes de M. Cameron, qui a promis qu'il ferait campagne contre un "Brexit", une sortie de son pays de l'UE, s'il obtenait gain de cause.
En promettant d'organiser cette consultation à haut risque, qui pourrait déclencher un autre séisme dans l'Union déjà éprouvée par la crise migratoire et ébranlée par de profonds courants eurosceptiques, M. Cameron, réélu en mai 2015, espérait couper l'herbe sous le pied des eurosceptiques.
Le dernier référendum outre-Manche, sur l'appartenance à la Communauté économique européenne, remonte à 1975. Les sondages actuels donneraient une légère avance aux partisans d'une sortie.
Dimanche soir, un porte-parole de M. Cameron a jugé que "de nombreux progrès ont été enregistrés, particulièrement ces 48 dernières heures" depuis son déjeuner avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, vendredi à Bruxelles.
"Mais il faudra encore travailler plus et durement" a-t-il insisté.
-'Percée significative'-
M. Cameron exige de ses partenaires européens des réformes dans quatre secteurs, dont la plus controversée vise à décourager l'immigration intra-européenne, en particulier des pays de l'Est.
M. Cameron voudrait imposer un moratoire de quatre ans avant tout versement d'aides sociales aux immigrants issus de l'UE venant travailler au Royaume-Uni, mais cette exigence, jugée "discriminatoire", est contraire à la libre circulation des biens et des personnes, principe fondateur de l'Union.
Les tractations portent en particulier sur un mécanisme de "frein d'urgence" dans le cas où les services publics britanniques sont débordés ou si la Sécurité sociale britannique est victime d'abus répétés, un système auquel pourraient également recourir les autres pays européens.
A ce propos, le porte-parole de M. Cameron a salué dimanche soir "une percée significative" après qu'il eut obtenu des assurances de la Commission que la Grande-Bretagne pourrait activer ce mécanisme "dans les circonstances actuelles".
"Ce qui signifie que le Premier ministre pourra mettre en oeuvre sa promesse de couper les avantages sociaux pour les travailleurs de l'UE pour quatre ans", a-t-il vanté.
M. Cameron demande par ailleurs des garanties que le renforcement annoncé de la zone euro ne se fera pas au détriment des pays qui ne sont pas membres de ce club, et donc de la puissante City de Londres.
La France notamment voit d'un mauvais oeil les revendications sur ce point. "Pour les responsables français, il est irresponsable de donner à des pays qui ne sont pas membres de la zone euro le pouvoir d'indéfiniment bloquer des votes au sein de la zone euro", a écrit ce week-end le Financial Times. Paris refusera de concéder tout "droit de véto détourné" à la City, assure le quotidien économique.
M. Cameron veut également relancer les chantiers pour améliorer la compétitivité de l'économie européenne et regagner en souveraineté en octroyant davantage de pouvoirs aux Parlements nationaux.
"Seul un de ces sujets est bouclé", a confié la source européenne, probablement en ce qui concerne les demandes les plus consensuelles, relatives à la compétitivité.
AFP