L'économie sud-africaine est entrée en récession, une première depuis 2009

La ville de Cape Town, en Afrique du sud, le 17 février 2010.

La menace qui planait sur l'économie sud-africaine s'est concrétisée: le pays est officiellement entré mardi en récession, une première depuis 2009, qui pourrait accentuer la pression sur les épaules de son controversé président Jacob Zuma.

Le produit intérieur brut (PIB) de l'économie la plus industrialisée du continent a reculé de 0,7% au premier trimestre 2017, après s'être contracté de 0,3% au quatrième trimestre 2016.

"L'économie sud-africaine est entrée en récession", a confirmé l'Office national des statistiques sud-africain (Stats SA).

Lors des trois premiers mois de l'année, la croissance a été minée par les faibles performances de la production électrique (-4,8%) et manufacturière (-3,7%) et le recul du secteur tertiaire (-2%).

Seul les secteurs miniers (+12,8%) et agricoles (+22,2%) sont dans le vert, en forte reprise après une difficile année 2016.

"C'est une surprise, je n'avais pas réalisé que l'économie était dans un si mauvais état", a commenté à l'AFP l'économiste Alan Hirsch, alors que les prévisions avaient anticipé une augmentation de 0,9% du PIB au premier trimestre.

"C'est la reprise dans le reste du monde", a déploré en comparaison M. Hirsch, "même le Brésil est sorti de la récession".

L'annonce de cette récession a immédiatement fait chuter le rand (-1,5% face au dollar), la très volatile devise nationale.

En 2008-2009, au coeur de la crise financière mondiale, le pays avait déjà connu trois trimestres consécutifs de récession, une première depuis la fin du régime raciste de l'apartheid en 1994.

Depuis plusieurs années, l'Afrique du Sud affichait une croissance en dents de scie mais avait réussi à chaque fois à échapper de justesse à la récession.

Peu de signaux au vert

Avec cette annonce, bien peu de signaux sont au vert pour l'économie sud-africaine.

Son taux de chômage a même atteint au début du mois son plus haut niveau depuis treize ans, avec 27,7% de la population active officiellement sans emploi.

Les fermetures d'entreprises se succèdent également dans ce pays qui fut la locomotive de l'industrie africaine.

Le constructeur automobile américain General Motors a récemment annoncé son intention de quitter le pays, où il possède plusieurs usines, tandis que le géant minier Anglo American compte supprimer 2.000 emplois dans deux sites du pays.

"La réalité, c'est que l'économie sud-africaine affiche depuis longtemps des performances bien en-deçà de ce qui est nécessaire pour donner des emplois à sa main d'oeuvre croissante", a noté Dawie Roodt, un économiste indépendant.

Ces mauvaises nouvelles surviennent deux mois seulement après le limogeage controversé du respecté ministre des Finances, Pravin Gordhan. Le président Jacob Zuma l'a brutalement remplacé fin mars par Malusi Gigaba, un de ses proches.

Deux agences de notation financière avaient immédiatement sanctionné cette décision en dégradant la note du pays en catégorie spéculative.

"Il y a beaucoup d'incertitude politique en Afrique du Sud, ce qui empêche les investissements", a résumé Alan Hirsch.

Le chef de l'Etat est la cible de nombreuses critiques en Afrique du Sud pour son implication supposée dans diverses affaires de corruption qui affectent l'économie du pays.

"Notre économie est maintenant en lambeaux et c'est directement à cause du gouvernement de l'ANC (Congrès national africain), corrompu jusqu'à l'os et sans aucun plan pour notre économie", a immédiatement regretté mardi Mmusi Maimane, le chef de l'Alliance démocratique (DA), le premier parti d'opposition.

Conspué par ses opposants, le président Zuma affronte également une fronde au sein de son parti, l'ANC, qui s'inquiète de l'érosion du soutien populaire au parti de feu Nelson Mandela. Jusqu'à présent, il a cependant réussi à conserver son poste.

L'ANC élira son successeur à la tête du parti à la fin de l'année et devra trancher entre Nkosazana Dlamini-Zuma, l'ex-patronne de l'Union Africaine soutenue par Jacob Zuma et Cyril Ramaphosa, vice-président du pays au profil plus rassurant pour les investisseurs.

Avec AFP