En Egypte, les débrayages tous azimuts affectent désormais le tourisme, l’industrie textile, les transports ferroviaires et l’administration publique. Les anti-Moubarak ont commencé à expérimenter de nouvelles stratégies de lutte. Plus de 6 mille grévistes ont manifesté mercredi contre les bas salaires et les mauvaises conditions de travail dans cinq sociétés appartenant à l’Autorité du Canal de Suez. Deux mille travailleurs des textiles ont manifesté à Suez et plusieurs milliers de personnes touchées par l’effondrement de l’industrie touristique ont donné de la voix à Louxor.
A Port-Said, des centaines d’habitants de bidonvilles ont incendié certains bâtiments administratifs pour protester contre le manque de logements. A Kharga, un oasis situé à 600 km du Caire, les manifestants ont mis le feu à plusieurs commissariats de police et édifices publics. Les troubles sociaux ont fait plusieurs morts dans cette contrée. Le quotidien Al-Ahram qui est une véritable institution en Egypte a commencé à infléchir sa ligne éditoriale. Il était écrit à la une de ce journal mercredi, que les attaques perpétrées par les pro-Moubarak contre la place Tahrir sont « une offense à toute la nation ».
La place Tahrir et devenue une immense une ville sous tente, disposant de ses propres équipements médicaux, des centres de chargement pour les téléphones cellulaires, et même sa station station de radio. Le vice-président Omar Suleiman a fait savoir que le gouvernement ne saurait tolérer plus longtemps les manifestations de la place Tahrir. Il a mis en garde les activistes contre cet état de désobéissance civile permanente, qu’il a qualifié d’extrêmement dangereuse.
Face à cette révolte populaire, M. Mubarak a multiplié les gestes d’apaisement avec la promesse d’augmenter les salaires des fonctionnaires et la mise en place d’une commission pour faire réviser la Constitution. Mona Makram Ebeid, professeur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire a confié à Idriss Fall que les manifestations ne sont pas sur le point de s’arrêter et que nous sommes placés devant une impasse constitutionnelle.