L'opposition nigériane conserve le siège de gouverneur dans l’Etat pétrolier d’Edo

Des électeurs cherchent leur noms sur la liste électorale, au Nigeria, le 19 septembre 2020. (VOA/Gilbert Tamba)

L’opposition nigériane a remporté le premier scrutin depuis le début de la pandémie de Covid-19. Le candidat du parti APC remporte le siège de gouverneur de l'Etat d'Edo, dans le Sud pétrolier.

Ils étaient plus d’un demi millions d’électeurs inscrits appelés aux urnes dimanche pour choisir un nouveau gouverneur ou reconduire le sortant Godwin Obaseki pour un second mandat de quatre ans à la tête de cet Etat du sud pétrolifère du Nigeria.

Au final c'est le gouverneur sortant, Godwin Obaseki, qui a été réélu.

M. Obaseki, 63 ans, était auparavant affilié au parti présidentiel le Congrès des progressistes (APC). Il a quitté le parti au pouvoir du président Buhari pour le Parti démocratique populaire (PDP) à cause de dissensions au sein de l'APC.

Des électeurs lors du jour de vote, au Nigeria, le 19 septembre 2020. (VOA/Gilbert Tamba)

"Le grand peuple de l’Etat d’Edo s’est exprimé de façon claire et nette. Ce qui me satisfait de plus en saluant les supporteurs qui ont démontré le courageux face à l'intimidation, la menace et de la brutalité. La volonté collective du peuple d’Edo nous a permis de triompher du système de parrainage", a-t-il déclaré après l’annonce des résultats. ​

L’État d’Edo était jusqu'ici le seul Etat détenu par l’APC du président Muhammadu Buhari dans le Sud du Nigeria. L’enjeu de cette élection partielle était donc crucial, mais les querelles entre élites du parti au pouvoir seraient à la base de la défaite de l'APC à cette élection dans l’Etat d'Edo qui vient ainsi de basculer entre les mains du principal parti d'opposition le PDP.

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Il y avait des observateurs des organisations de la société civile déployés sur le terrain pour s'assurer du bon déroulement du processus électoral.

Hidayate Hassan, du Centre pour la démocratie et du développement, l’un des organes ayant observés les élections, explique que "cette élection a été paisible par rapport à ce qu’on s’attendait. Mais il y a beaucoup de défis qui demandent des réformes dans le cadre légal du processus électoral, et pour le changement d’attitudes pour le Nigeria".

Le groupe des Nigérians préoccupés qui a aussi observé cette élection dénonce des irrégularités durant les opérations de vote. Deji Adeyanju, son président, en témoigne: "les élections n’ont pas été libres et transparentes même si c’est le PDP qui a gagné parce qu’il y a eu un achat massif de votes dans beaucoup de bureaux de vote".

"Des gens ont tenté de perturber le vote dans certains bureaux aussi même si là aussi les populations ont résisté. Et malheureusement il y a eu encore des bureaux de vote qui ont été emportés", conclut-il.

La victoire de l'opposition est un processus nouveau qui commence au Nigeria, selon Djibrin Ibrahim, professeur de sciences politiques.

"Je viens de voir que le président Buhari a félicité le parti d’opposition qui a gagné ces élections. Je pense que c’est un processus nouveau qui arrive au Nigeria, où ceux qui sont au pouvoir commencent à accepter leur défaite", analyse-t-il.

Dominé par les candidats de l’APC, le parti présidentiel, et du PDP, principale formation d'opposition du pays, le vote s'est déroulé sous une forte présence des forces de sécurité déployées en grand nombre.