"Je souhaite féliciter l'opposition pour sa victoire et concéder l'élection", a déclaré le chef de l'Etat sortant lors d'une conférence de presse, affirmant qu'il allait "préparer toutes les procédures administratives pour faciliter la transition". "Nous sommes tout à fait heureux de nous retirer pour devenir une opposition loyale qui demande des comptes au gouvernement", a affirmé le dirigeant de 63 ans.
Lire aussi : Le Botswana élit son président et Parlement, continuité probableSa formation politique, le parti démocratique du Botswana (BDP), dirigeait ce pays depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1966. Les premiers décomptes ont montré que les trois partis d'opposition avaient obtenu ensemble 31 des 61 sièges du Parlement national lors des élections de mercredi. Selon le système électoral, le premier parti à obtenir 31 sièges est déclaré vainqueur et son candidat est installé à la présidence.
Le parti d'opposition de gauche Umbrella for Democratic Change (UDC), dirigé par l'avocat des droits humains et diplômé de Harvard, Duma Boko, 54 ans, a obtenu plus de 24 sièges, a indiqué à l'AFP Mike Keakopa, un responsable de cette formation qui vise la victoire.
Les deux autres partis d'opposition, Le Parti du Congrès du Botswana (BCP) en compte sept et le Front patriotique du Botswana, ont obtenu ensemble une douzaine de sièges. Les résultats devraient être confirmés par la Commission électorale indépendante plus tard dans la journée de vendredi, le dépouillement étant toujours en cours.
Le quotidien national Mmegi, indépendant, a publié sur Facebook sa une à propos de la victoire de Duma Boko, en écrivant notamment que le BDP est confronté à une défaite "écrasante" aux élections législatives et locales. L'UDC a remporté un scrutin séparé lors des élections locales de mercredi, ce qui a été considéré comme une indication de la tendance pour le vote national.
Chômage et diamants
"Le changement est là", a déclaré Duma Boko sur Facebook, anticipant la victoire de sa formation après la publication des premiers résultats. Plus d'un million de personnes étaient inscrites sur les listes électorales mercredi, sur une population de 2,6 millions d'habitants.
L'une des principales préoccupations des électeurs était le chômage en hausse (27%), surtout chez les jeunes, et l'érosion des ventes de diamants, la principale source de revenus du Botswana, concurrencés par ceux de synthèse. Le Botswana en est le deuxième producteur mondial, derrière la Russie. La croissance est en berne (attendue à 1% en 2024).
Le gouvernement du président sortant était également accusé de corruption, de népotisme et de mauvaise gestion, alors que l'écart entre les riches et les pauvres est l'un des plus importants au monde, selon la Banque mondiale.
"Cela fait bien trop longtemps que l'on fonctionne sous un système qui a toujours produit les mêmes résultats, au mieux médiocres", a déclaré M. Boko dans une interview accordée à la chaîne sud-africaine ENCA en juillet. Les Botswanais "réclament un changement" et "aspirent à quelque chose de rafraîchissant et de différent", a-t-il ajouté.
La popularité du BDP a baissé au fil des décennies, passant pour la première fois sous la barre des 50% lors des élections de 2014, lorsque Ian Khama, fils du premier président du Botswana, Sir Seretse Khama, était au pouvoir. Mais le parti s'attendait quand même à rester en place, Mokgweetsi Masisi ayant déclaré le jour du scrutin que la victoire était "certaine". Selon des observateurs, le nouveau gouvernement devra s'efforcer de diminuer la dépendance du pays à l'égard des diamants.
"La première priorité du prochain gouvernement ou président serait de stabiliser l'économie et d'instaurer un certain degré de certitude stratégique dans le secteur minier", a déclaré le commentateur politique indépendant Olopeng Rabasimane. "La deuxième priorité doit être la création d'emplois, en particulier pour les jeunes" et la troisième "de diversifier l'économie pour qu'elle ne dépende plus des diamants", a-t-il poursuivi.