Dimanche devant plusieurs dizaines de milliers de fidèles, le nouvel archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, a lancé "un vibrant appel à la conscience patriotique de notre peuple" pour "ne pas céder à la provocation et à la violence - surtout verbale - pendant cette période de campagne électorale".
Mgr Ambongo a plaidé pour "l'unité", "sans aucune discrimination de province, d'ethnie, d'opinion politique, de condition sociale et économique", lors d'une messe géante en plein air marquant le début de son nouveau ministère.
Dans la foule se trouvaient deux des trois principaux candidats à l'élection présidentielle: le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, et un opposant, Martin Fayulu.
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Le nouvel archevêque prend le relais du charismatique cardinal Laurent Monsengwo, 79 ans.
"Que les médiocres dégagent", avait lancé en janvier ce proche du pape François en visant le régime du président Joseph Kabila.
Les catholiques ont été en première ligne pour demander au président Kabila de quitter le pouvoir, ce qu'il s'apprête à faire, alors que son dernier mandat a expiré en décembre 2016. Une quinzaine de personnes ont été tuées en début d'année lors de trois marches de catholiques sur ce mot d'ordre.
Après deux reports des scrutins, les 40 millions d'inscrits ont le choix entre 21 candidats, qui ne manquent jamais d'afficher leur foi.
Le "dauphin" du président Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, est un "catholique pratiquant", avait prévenu la coalition de la majorité présidentielle, le Front commun pour le Congo (FCC) en annonçant sa candidature le 8 août.
Samedi, il a assisté à une messe en la cathédrale de Kinshasa pour marquer le lancement de sa campagne, avant même d'aller au-devant des électeurs, normalement à partir de cette semaine à Lubumbashi.
"Le camarade Ramazani Shadary est d'abord un fervent chrétien. Il vient de remettre sa campagne entre les mains de Dieu", a déclaré à la presse Jean-Claude Kazembe Musonda, cadre de la coalition du FCC.
- "Devant Dieu et le peuple congolais"-
Parmi les pères fondateurs du Congo, la majorité présidentielle cite "Simon Kimbangu", fondateur du culte kimbanguiste, une Eglise 100% congolaise.
Les candidats de l'opposition pensent aussi que tout pouvoir vient de l'Eternel, avant tout soutien du peuple.
"Devant Dieu et le peuple congolais j'ai décidé d'apporter mon soutien à Félix Tshisekedi", a proclamé l'ex-président de l'Assemblée nationale Vital Kamerhe en annonçant son désistement et un "ticket" avec M. Tshisekedi, chef du parti historique de l'opposition en RDC.
Au plus fort de leur différend, M. Tshisekedi a interpellé sur Twitter l'autre candidat de l'opposition, Martin Fayulu, "au nom du Dieu que nous prions, toi et moi, au Centre missionnaire Philadelphie", une Eglise protestante.
A l'orée d'une campagne de tous les dangers, les évêques congolais ont repris leur bâton de pèlerin (politique) et demandé vendredi "des élections crédibles pour une véritable alternance démocratique".
"La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) ne soutient aucun candidat", ont-ils précisé, non sans esquisser le portrait-robot du président idéal.
"Il nous faut des dirigeants qui respectent la loi fondamentale et la parole donnée; des personnes honnêtes et de bonne moralité qui ne s'approprient pas les ressources du pays. Attention aux corrompus et aux corrupteurs", ont détaillé les évêques.
"Un groupe de compatriotes, abusant manifestement de leur pouvoir, s'octroie des avantages faramineux au détriment du bien-être collectif", accusent-ils en visant des dirigeants actuels.
La RDC est un État laïc, mais la religion est omniprésente dans le quotidien des 80 millions de Congolais: cultes catholiques, protestants et kimbanguistes, Eglises du réveil, radios chrétiennes, louanges à Dieu ou au Christ jusque sur les profil de nombreux jeunes Congolais et Congolaises sur les réseaux sociaux...
La RDC compte environ 40% de catholiques, 40% de protestants ou affiliés aux Eglises du réveil, et 10% de musulmans, sans oublier les "Kimbanguistes" qui célèbrent en mai leur prophète dans leur ville sainte de Nkamba (sud-ouest).
Fin 2016, c'est la conférence épiscopale qui avait parrainé l'accord de la Saint-Sylvestre pour éviter une effusion de sang en raison du maintien au pouvoir du président Kabila au-delà de son dernier mandat.
"Nulle part, dans la Bible, Jésus-Christ n'a jamais présidé une commission électorale. Rendons à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César", avait ironisé début janvier le président Kabila sur le rôle des catholiques dans la vie politique.
Discret sur sa foi, Joseph Kabila est marié à une catholique, Olive. Leur mariage en 2006 a été célébré sous le double culte catholique et protestant.