Dix démocrates étaient pour la première fois réunis sur un plateau de télévision à Miami, grande ville de Floride, un Etat clé dans les élections américaines.
Jeudi soir, avec une affiche nettement relevée, ce sera au tour du second groupe de prétendants à la Maison Blanche d'entrer en scène. Les deux meneurs dans les sondages --l'ancien vice-président centriste Joe Biden et le socialiste Bernie Sanders-- croiseront le fer avec deux étoiles montantes du peloton de tête -- la sénatrice Kamala Harris et le jeune maire Pete Buttigieg-- ainsi que six autres candidats.
Pourfendeuse de Wall Street âgée de 70 ans, c'est armée d'un programme déjà très étoffé qu'Elizabeth Warren a grimpé à la troisième place des sondages pour l'investiture démocrate ces dernières semaines.
Lire aussi : Présidentielle américaine : un 21ème candidat vient grossir les rangs des démocratesSes propositions détaillées sur un vaste éventail de sujets sont même devenues objet de plaisanterie, sa phrase préférée en meeting --"j'ai un projet pour cela"-- étant devenue un classique de ce début de campagne.
Bénéficiant de ne pas avoir à partager le plateau avec son rival direct Bernie Sanders, elle a dénoncé "une économie qui marche parfaitement pour ceux qui ont de l'argent mais pas pour les autres".
- Image "déchirante" -
Dans cette ville de Miami où sept habitants sur dix sont Hispaniques, la polémique sur la gestion par le président républicain Donald Trump de la crise migratoire à la frontière avec le Mexique a pris une grande importance dans le débat, après les révélations sur les conditions de vie sordides de jeunes migrants dans un centre de rétention et la noyade d'un père et de sa fillette.
Cette image "est déchirante. Elle devrait aussi nous foutre tous en rogne", s'est indigné Julian Castro, qui espère devenir le premier président hispanique des Etats-Unis.
"Si j'étais président aujourd'hui, je signerais un décret pour annuler la politique de tolérance zéro de Trump", a-t-il lancé.
La politique étrangère, l'Iran, le problème endémique de la violence par armes à feu, le changement climatique... les prétendants démocrates à la Maison Blanche ont critiqué Donald Trump et exposé leurs vues souvent proches, certains petits candidats parvenant à imprimer leur marque, comme Julian Castro.
Lire aussi : Avec une rare procédure au Congrès, les démocrates renforcent la pression sur TrumpProche des 0%, le maire de New York Bill de Blasio a ainsi été le premier à interrompre un de ses rivaux et a lancé plusieurs tirades passionnées, en affirmant vouloir replacer "les travailleurs au premier plan".
La sénatrice modérée Amy Klobuchar a, elle, été chaudement applaudie lorsqu'elle a remis en place l'un des ses rivaux qui affirmait être le seul à avoir voté une loi protégeant le droit à l'avortement.
Le sénateur Cory Booker, seul candidat noir sur le plateau, a multiplié les références aux difficultés encore plus criantes rencontrées par les minorités.
Très attendu en début de campagne, l'ex-élu de la Chambre des représentants Beto O'Rourke n'a lui pas fait d'étincelles.
- "Ennuyeux!" -
Alors qu'il vole vers le Japon pour un sommet du G20, Donald Trump a affiché à plusieurs reprises son dédain pour ses rivaux potentiels, ironisant d'un tweet pendant le débat: "Ennuyeux!"
Mais un sondage le donnait la semaine dernière perdant en Floride face à plusieurs démocrates engagés dans la primaire, Joe Biden en tête.
"Les démocrates ont proposé une prise d'assaut de la société, par un gouvernement radical, qui démolirait le rêve américain", a réagi son équipe de campagne en clôture du débat, vantant la bonne santé de l'"économie Trump".
Un temps éclipsée en milieu de débat, Elizabeth Warren a conclu en rappelant son enfance modeste pour exposer sa vision.
"Je suis dans ce combat car je suis convaincue que nous pouvons faire marcher notre gouvernement, notre économie et le pays non seulement pour ceux qui se trouvent au sommet mais pour tous" les Américains.
Mais certains s'inquiètent qu'elle soit trop vulnérable dans un éventuel duel présidentiel avec Donald Trump, qui la surnomme "Pocahontas" pour moquer sa revendication controversée de très lointaines origines amérindiennes.
A huit mois des premiers votes de la primaire démocrate, il est encore trop tôt pour esquisser un réel pronostic, souligne Kyle Kondik, politologue à l'université de Virginie. Et "la première soirée risque d'être oubliée dès que les grands noms arriveront" jeudi soir.
Avec AFP