Emails d'Hillary Clinton : le chef du FBI longuement cuisiné au Congrès

Le directeur du FBI, James Comey, témoigne à Washington, le 7 juillet 2016.

Soumis au feu roulant des questions d'une commission parlementaire du Congrès américain, le patron du FBI a âprement défendu sa recommandation de ne pas poursuivre Hillary Clinton sur ses emails envoyés grâce à un serveur privé.

L'audition d'une durée de 4 heures et 40 minutes de James Comey sur la colline du Capitole a donné lieu à des instants tendus, mais l'inflexible chef policier a conservé son calme, sans dévier de sa ligne.

"Comme je l'ai dit, j'ai conclu qu'il existait des preuves d'une grande négligence (de Mme Clinton), mais je ne trouve pas de preuves suffisantes pour établir que la secrétaire Clinton ou ceux avec qui elle correspondait échangeaient des informations classées confidentielles par email en sachant à l'époque qu'ils étaient en train de violer la loi", a déclaré M. Comey.

En annonçant mardi les résultats des investigations ultra-sensibles menées par ses services durant un an, le chef de la police fédérale américaine a dressé un sévère réquisitoire à l'encontre de l'ex-secrétaire d'Etat, lui reprochant d'avoir fait preuve d'une "négligence extrême" en installant un serveur privé au sous-sol de son domicile dans l'Etat de New York.

Mais James Comey n'est pas allé jusqu'à recommander l'inculpation de la candidate démocrate à la Maison Blanche, au grand dam des républicains qui l'accusent d'incohérence. Et la ministre de la Justice, Loretta Lynch, a finalement annoncé mercredi clore l'enquête sans déclencher de poursuites.

Pour une bonne partie de l'opinion publique américaine, Hillary Clinton a bénéficié d'une mansuétude en raison de ses connections cultivées depuis le temps où son époux était à la Maison Blanche.

- '2 poids, 2 mesures' -

"Il existe une inquiétude légitime quant à un système de deux poids, deux mesures. Les gens se disent que s'ils ne portent pas le nom de Clinton et qu'ils ne font pas partie de la puissante élite, alors la Justice agira différemment à leur égard", a résumé jeudi l'élu républicain Jason Chaffetz.

Le rapport d'enquête du FBI a mis en évidence que Mme Clinton a plusieurs fois menti depuis l'éclatement du scandale concernant ses emails, notamment en affirmant n'avoir jamais envoyé de messages classés confidentiels avec son serveur privé.

Mme Clinton avait aussi affirmé avoir remis au département d'Etat tous ses emails professionnels qui étaient passés hors du circuit sécurisé qu'elle aurait dû utiliser. Or le FBI a découvert que Mme Clinton n'avait pas restitué plusieurs milliers d'emails liés à son travail.

Mais James Comey a balayé les soupçons d'indulgence vis-à-vis de Mme Clinton, ou de tout arrangement illégal comme le soutient le candidat républicain Donald Trump.

"Cette enquête a été conduite dans la plus grande tradition du FBI. Nos hommes l'ont menée de façon apolitique et professionnelle", a-t-il assuré.

- Pas d'interférence, assure Comey -

Poussé dans ses retranchements par plusieurs élus républicains, M. Comey a solennellement répété avoir agi sans aucune interférence extérieure.

"Je ne me suis pas coordonné avec qui que ce soit, à la Maison Blanche, au ministère de la Justice, personne en dehors de la famille du FBI ne savait ce que j'allais annoncer", a-t-il assuré.

Interrogé sur le fait de savoir s'il garderait au FBI une personne ayant eu des agissements identiques à Mme Clinton, M. Comey a répondu par les mots suivants: "Il y aurait une inspection sur le plan de la sécurité et une décision sur le fait de savoir s'il est pertinent (de garder cette personne) et une série de mesures disciplinaires pourraient être prises, allant du renvoi à la simple réprimande".

Enfin, questionné sur le fait de savoir si le FBI enquêtait sur la Fondation Clinton, une organisation créée par Bill Clinton et qui a levé des centaines de millions de dollars en une décennie, M. Comey a refusé de répondre.

Avec AFP