Après l'empoisonnement début mars à Salisbury de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, "les Etats-Unis ont déterminé le 6 août (...) que le gouvernement russe avait utilisé des armes chimiques ou biologiques en violation des lois internationales", a indiqué la porte-parole du département d'Etat, Heather Nauert, dans un communiqué.
Conformément à la loi américaine sur les armes chimiques, cela entraîne l'imposition de sanctions économiques qui, si le Congrès ne s'y oppose pas d'ici là, entreront en vigueur le 22 août, a-t-elle ajouté.
La loi américaine de 1991 sur l'élimination de l'usage des armes chimiques et biologiques oblige le président américain à imposer des sanctions contre toute personne étrangère s'il "détermine qu'elle a sciemment contribué aux efforts d'un pays pour acquérir ou faire l'usage d'armes chimiques ou biologiques".
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L'empoisonnement confirmé de l'ex-agent double et de sa fille par leur exposition au Novitchok, un agent neurotoxique mis au point par l'Union soviétique à la fin de la Guerre froide, avait été attribué par Londres au gouvernement russe, qui avait nié toute implication et demandé des preuves.
Une Britannique de 44 ans, mère de trois enfants, est ensuite morte le 8 juillet après avoir été exposée à un poison contenu dans un flacon de parfum.
La police britannique a établi qu'elle avait été exposée au Novitchok et le Royaume-Uni a demandé à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) de "déterminer de manière indépendante la nature" de la substance. L'enquête de l'OIAC se poursuit.
Dès mars, par solidarité avec les Britanniques, Washington avait expulsé 60 diplomates russes accusés d'être des "espions" et la Russie en a aussitôt fait autant.
Deuxième salve possible
"Nous avons toujours dit très clairement que nous étions d'accord avec la conclusion qu'il s'agissait de l'agent Novitchok et que le coupable était en fin de compte la Fédération de Russie", a déclaré mercredi à la presse un haut responsable du département d'Etat.
Les sanctions envisagées, qui portent sur l'exportation de certains produits technologiques, comme des appareils ou de l'équipement électroniques, pourraient coûter "des centaines de millions de dollars" à l'économie russe, a indiqué un autre haut responsable américain ayant requis l'anonymat.
A partir du moment où les sanctions entreront en vigueur, la Russie aura 90 jours pour déclarer qu'elle n'utilise plus d'armes chimiques ou biologiques, s'engager à ne plus le faire à l'avenir et permettre des inspections pour s'assurer de leur élimination, a-t-il ajouté.
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En cas de non respect de ces exigences, une deuxième salve de sanctions "draconiennes" serait décrétée, a poursuivi le haut responsable américain, notant qu'elles pourraient aller jusqu'à interdire les aéroports américains aux compagnies aériennes russes ou même suspendre les relations diplomatiques entre les deux pays.
Le Kremlin a été notifié de cette décision mercredi.
Washington impose déjà de lourdes sanctions depuis 2014 contre Moscou pour son rôle présumé dans la crise ukrainienne.
En outre, le Trésor américain a imposé en mars des sanctions contre des "oligarques" proches de Vladimir Poutine en réponse aux accusations d'ingérence électorale et à plusieurs cyberattaques, parmi les plus sévères depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche début 2017.
L'économie russe est sortie fin 2016 de deux ans de récession due aux sanctions introduites en raison de la crise ukrainienne et à l'effondrement des prix des hydrocarbures, dont le pays est très dépendant.
Cette annonce risque d'aggraver la chute du rouble, qui a piqué du nez mercredi, de même que la bourse russe, en raison de rumeurs de nouvelles sanctions américaines d'ampleur liées aux accusations d'ingérence russe dans les élections.
Avec AFP