En Guinée-Bissau, des élections législatives pour stabiliser le pays

"Je le dis haut et fort, les coup d'Etat, c'est fini tant que je suis à la tête de ce pays. Que celui qui veut diriger ce pays passe par les urnes", a déclaré le chef de l'Etat Umaro Sissoco Embalo fin mai.

Les Bissau-Guinéens sont attendus aux urnes dimanche pour des élections législatives dont le président veut se servir pour changer la Constitution afin de stabiliser ce petit pays ouest-africain abonné aux crises politiques.

Victime d'une tentative de coup d'Etat le 1er février 2022, le chef de l'Etat Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de l'organisation des Etats ouest-africains, avait dissous l'Assemblée nationale en mai 2022 en raison de "divergences persistantes ne pouvant être résolues" avec le Parlement, devenu selon lui "un espace de guérilla politique et de complot".

Quelque 884.000 inscrits pourront voter de 07H00 (GMT et locales) à 17H00 pour un scrutin à la proportionnelle à un tour, devant renouveler les 102 députés et sortir de la paralysie politique actuelle. Les résultats sont attendus au moins 48 heures plus tard.

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Vingt-deux partis politiques vont se disputer le vote, parmi lesquels le Madem G15, la famille politique du président, le Parti africain pour l'Indépendance de la Guinée et du Cap-vert (PAIGC) fondé par Amilcar Cabral, qui a longtemps dominé la politique nationale et le Parti du renouveau social (PRS), trois formations qui se partageaient presque tous les sièges de l'Assemblée sortante.

Le parti du président milite pour une présidentialisation accrue du régime pour une meilleure gouvernance. Pour les opposants, il s'agit d'une manoeuvre de M. Embalo pour asseoir le pouvoir qu'il détient depuis des élections contestées en 2019. La communauté internationale réclame de longue date une nouvelle Constitution, l'organisation des pouvoirs dans l'actuelle loi fondamentale passant pour un facteur primordial des crises à répétition.

Peu d'enthousiasme

Les préoccupations économiques ont été au cœur de la campagne électorale qui s'est déroulée sans incident notable. Le pays, parmi les moins développés au monde, touché successivement par les conséquences de la crise du Covid et la guerre en Ukraine, fait actuellement face à une crise de la commercialisation noix de cajou, source de revenu importante de la population.

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"Nous avons parcouru tout le pays, mais les paysans refusent de venir écouter les discours de certains candidats à cause de l'échec de la campagne de commercialisation de la noix de cajou. Cette année, c'est le fiasco total", a déclaré à l'AFP Buli Camara, militant du Madem G-15. En cause, des producteurs qui ne parviennent pas à vendre leur marchandise au prix fixé par le gouvernement.

Dans les rues de Bissau, les élections suscitent peu d'enthousiasme et les candidats peinent à faire déplacer les foules. "Les discours des candidats ne sont pas de nature à aider à la mobilisation. Ils se critiquent entre eux et ne proposent rien qui puissent faire croire à un véritable changement de la vie des populations", estime Antonio Nhaga, président de l’observatoire des média.

Pourtant, le pays a besoin de réformes. L'instabilité et la pauvreté y ont favorisé l'implantation de narcotrafiquants, qui utilisent le territoire pour faire transiter de la cocaïne d'Amérique latine vers l'Europe, avec la complicité suspectée de l'armée. Le trafic de bois est également prospère et la corruption gangrène le pays.

La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a déployé une équipe de 15 observateurs. Une force de stabilisation de 600 hommes est également déployée dans le pays pour éviter tout nouveau coup d'Etat. La Guinée-Bissau, une petite nation d'environ deux millions d'habitants frontalière du Sénégal et de la Guinée devenue indépendante du Portugal en 1974, est abonnée aux coups de force.

Ces élections sont un test pour le président Embalo, qui ne s'est pas engagé directement dans la campagne, mais dont l'image et le nom ont été très utilisés par son parti. "Je le dis haut et fort, les coup d'Etat, c'est fini tant que je suis à la tête de ce pays. Que celui qui veut diriger ce pays passe par les urnes", a déclaré le chef de l'Etat fin mai.

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