Dans la capitale belge, théâtre d'attentats-suicides le 22 mars, les investigations se concentrent sur "l'homme au chapeau", recherché depuis qu'il a déposé une bombe à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem et a pris la fuite avant que ses deux complices ne se fassent exploser.
La police, qui avait déjà émis un avis de recherche avec photo, a diffusé lundi une nouvelle vidéo de ce troisième homme, prise par les caméras de surveillance de l'aéroport, afin de l'"identifier".
Les enquêteurs tentent toujours d'établir si "l'homme au chapeau" est bien Fayçal Cheffou, 30 ans, seul inculpé et écroué dans le dossier à ce stade, a appris l'AFP de source proche de l'enquête. Mais cet homme qui se présente comme un journaliste indépendant ne collabore pas avec les autorités et les analyses n'ont pas encore permis de confirmer cette "hypothèse".
Un animateur radio qui avait travaillé avec lui en 2008, Vinz Kanté, a décrit sur la station RTL un homme "passionné" et "intelligent", mais qui progressivement s'était mis à voir "le mal partout", soutenant des thèses de plus en plus conspirationnistes.
Seule certitude pour l'instant, les trois kamikazes Ibrahim El Bakraoui et Najim Laachraoui à l'aéroport et Khalid El Bakraoui dans le métro bruxellois sont directement liés aux commandos des attentats qui ont fait 130 morts le 13 novembre à Paris. Et notamment au suspect-clé Salah Abdeslam, arrêté le 18 mars à Bruxelles après plus de quatre mois de cavale au nez et à la barbe des autorités belges.
Les attentats de Paris et Bruxelles ont été revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), et les réseaux qui les ont commis s'imbriquent en un seul.
Trois inculpés dans un dossier terroriste
La Belgique demande ainsi l'extradition de Djamal Eddine Ouali, un Algérien arrêté samedi, à sa demande, en Italie, et soupçonné de fabrication de "faux documents d'identité ayant été utilisés par certains des auteurs présumés des attentats de Paris et probablement aussi par Salah Abdeslam".
Signe d'une menace toujours très élevée en Europe, les dossiers terroristes se multiplient.
La justice belge a annoncé lundi l'inculpation de trois suspects arrêtés la veille dans une opération "antiterroriste" menée dans plusieurs villes de Belgique. "Il n'y a pas de lien direct établi avec les attentats", a toutefois précisé le parquet fédéral à l'AFP, sans fournir d'éléments sur cette nouvelle affaire.
Parallèlement, l'enquête sur un projet d'attentat que la France dit avoir mis "en échec" avec l'arrestation jeudi près de Paris de l'ex-braqueur français Reda Kriket révèle de nouvelles ramifications européennes. Un Français qui a séjourné en Syrie a été interpellé dimanche aux Pays-Bas, soupçonné d'avoir été mandaté par l'EI pour attaquer la France avec Kriket.
Deux hommes avaient déjà été inculpés en Belgique dans ce dossier, dont l'un, Abderamane A., né en Algérie en 1977, avait été condamné en 2005 en France à sept ans de prison et une interdiction définitive du territoire français pour soutien logistique aux assassins du commandant Massoud en Afghanistan en 2001.
A Bruxelles, les hommages ont été gâchés dimanche par une manifestation tendue de 300 hooligans nationalistes, qui ont fait irruption sur la place de la Bourse transformée en mémorial du 22 mars avant d'être dispersés à coups de canons à eau par la police. Une veillée oecuménique aura lieu lundi en fin d'après-midi en la Cathédrale Saints-Michel et Gudule.
Le travail d'identification des victimes est presque terminé. Trente-et-une personnes ont été retrouvées mortes à l'aéroport ou dans la station de métro Maelbeek, dont 28 sont identifiées, tandis que quatre autres personnes ont succombé des suites de leurs blessures à l'hôpital.
Parmi eux les morts identifiés, les autorités ont recensé 12 ressortissants étrangers de huit nationalités différentes.
Avec AFP