Stéphane Séjourné n'a pas manqué de souligner qu'il avait choisi le Maroc pour sa première visite officielle au Maghreb depuis sa prise de fonction, il y a un peu plus d'un mois.
Lire aussi : Trente arrestations dans le démantèlement d'un trafic de bébés au Maroc"Il y a entre la France et le Maroc un lien exceptionnel et le président (Emmanuel Macron) veut que ce lien reste unique et qu'il s'approfondisse encore dans les prochains mois", a déclaré le nouveau ministre français des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse commune. Son homologue marocain a estimé, lui, que la relation bilatérale n'avait "pas d'égal".
Pour écrire un nouveau chapitre, Stéphane Séjourné et Nasser Bourita ont "longuement" discuté de l'épineux dossier du Sahara occidental. Le ministre français a réitéré le soutien "clair et constant" de Paris au plan d'autonomie marocain, tout en assurant vouloir "avancer" sur ce dossier.
"C'est un enjeu existentiel pour le Maroc. Nous le savons", a insisté M. Séjourné. "Nous l'avons dit et je le redis aujourd'hui peut-être avec plus de force: il est désormais temps d'avancer. J'y veillerai personnellement".
Le Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole, est contrôlé de facto en majeure partie par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l'Algérie. L'ONU considère qu'il s'agit d'un "territoire non autonome".
Enhardi par la reconnaissance par l'administration américaine de Donald Trump fin 2020 de sa souveraineté sur ce territoire en contrepartie d'un rapprochement avec Israël, le Maroc déploie depuis une diplomatie offensive pour rallier d'autres pays à ses positions.
La France compte accompagner le développement du territoire "en appui des efforts marocains". "Le Maroc a beaucoup investi dans les projets de développement au bénéfice des population locales et en matière de formation, d'énergies renouvelables, de tourisme, d'économie bleue liées aux ressources aquatiques", a expliqué M. Séjourné.
"C'est reparti"
Pour poursuivre la dynamique enclenchée, il a invité des ministres marocains à Paris, dont M. Bourita, et annoncé la venue au Maroc "dans les prochaines semaines" des ministres français de la Culture, Rachida Dati, et de l'Economie, Bruno Le Maire.
"Ils s'y rendront pour annoncer des choses", a assuré une source diplomatique, se félicitant qu'un "processus" ait été "enclenché". M. Séjourné souhaite "créer une relation personnelle (avec Rabat) qui a probablement manqué ces dernières années", selon cette source. "A la suite de mes entretiens, je suis confiant sur le fait que c'est bel et bien reparti", a souligné M. Séjourné à l'AFP.
Ces dernières années ont été émaillées de tensions extrêmement fortes entre le Maroc et la France, ancienne puissance coloniale où vit une importante diaspora marocaine. A Rabat, la décision française, en septembre 2021, de réduire de moitié les visas octroyés aux Marocains avait été particulièrement décriée.
Côté français, on n'avait guère apprécié les révélations du consortium de médias Forbidden Stories, selon lesquelles les téléphones d'Emmanuel Macron et de ministres avaient été ciblés en 2019 par le Maroc, utilisateur du logiciel espion israélien Pegasus, ce que Rabat a démenti.
Visite en Algérie
Un vote du Parlement européen en janvier 2023 condamnant la dégradation de la liberté de la presse au Maroc avait ajouté aux tensions. M. Séjourné a annoncé l'objectif de "construire le cadre du partenariat qui unira" les deux pays "pour les 30 prochaines années".
Nasser Bourita a estimé que son pays, en tant que puissance régionale, présentait des opportunités pour la France, notamment pour "travailler en partenariat" au Sahel. "La relation maroco-française doit être renouvelée et développée selon les principes de respect mutuel, d'ambition et de coordination", a-t-il dit, saluant "un moment de renouveau".
Parmi les sujets de crispation, le rapprochement voulu par Emmanuel Macron avec l'Algérie avait particulièrement irrité les Marocains. Malgré les gestes en faveur de Rabat, Paris n'entend pas pour autant relâcher les efforts avec Alger. La secrétaire générale du Quai d'Orsay, Anne-Marie Descôtes, doit ainsi rencontrer mardi son homologue dans la capitale algérienne ainsi que le ministre des Affaires étrangères.