Erdogan veut boycotter l'électronique américain

Le président Recep Tayyip Erdogan à Ankara le 13 août 2018.

Le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé que la Turquie boycotterait les appareils électroniques américains, poursuivant une escalade des tensions avec les Etats-Unis qui a mis au supplice la livre turque qui semblait toutefois se stabiliser.

"Nous allons appliquer un boycott contre les produits électroniques américains", a lancé M. Erdogan au cours d'un discours virulent à Ankara. "S'ils ont des iPhones, il y a des Samsung de l'autre côté", a-t-il ajouté.

Ces déclarations surviennent alors que Washington et Ankara traversent une crise diplomatique qui a conduit ces deux alliés au sein de l'Otan à s'imposer des sanctions réciproques en août.

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Ces tensions, ainsi que la mainmise croissante de M. Erdogan sur l'économie turque, ont provoqué ces derniers jours un effondrement de la livre qui a fait souffler l'inquiétude sur les places boursières européennes et asiatiques redoutant un effet contagieux.

Mais la devise turque, qui a perdu 16% de sa valeur face au dollar vendredi et quelque 8% lundi, reprenait des couleurs mardi. A 14h TU, elle s'échangeait à environ 6,54 contre un billet vert, soit un gain de 5% sur la journée.

Le chef de l'Etat turc, connu pour son style pugnace, a mis cette crise monétaire sur le compte d'un "complot" ourdi à Washington.

La Turquie "est la cible d'une agression économique", a assuré mardi le chef de l'Etat turc, appelant ses concitoyens à délaisser l'iPhone, appareil téléphonique phare de la marque américaine Apple, pour la marque turque Vestel.

Les produits Apple sont toutefois très utilisés en Turquie, y compris par M. Erdogan : lors de la tentative de coup d'Etat de juillet 2016, il avait lancé un appel à ses partisans via FaceTime, une application développée par Apple.

- "Chaos" -

L'appel au boycott de M. Erdogan a provoqué des réactions mitigées sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes soulignaient qu'avec la chute de la livre, la plupart des Turcs n'auront de toute façon plus les moyens de se procurer un iPhone.

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Les turbulences entre la Turquie et les Etats-Unis se sont renforcées au cours des derniers mois avant de virer à l'orage le mois dernier à cause de la détention en Turquie d'un pasteur américain, Andrew Brunson.

Ce dernier est accusé par Ankara d'espionnage et d'activités "terroristes", ce qu'il nie en bloc. Après plus d'un an et demi d'incarcération, il a été placé en juillet en résidence surveillée.

Le chargé d'affaires américain en Turquie, Jeffrey Hovenier, a rendu visite mardi au pasteur Brunson et appelé à sa libération "sans délai".

Et l'avocat turc du pasteur a indiqué mardi à l'AFP qu'il avait à nouveau fait appel de l'assignation à résidence de son client.

En dépit des tensions, la Turquie et les Etats-Unis maintiennent leurs contacts. Lundi, l'ambassadeur de Turquie à Washington a ainsi rencontré le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton.

"Il lui a transmis le message suivant : les pressions, les menaces, ne causeront que du chaos dans les relations avec la Turquie", a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu.

Cette montée des tensions est l'un des principaux facteurs qui ont provoqué l'effondrement de la livre ces derniers jours. La devise turque a perdu plus de 40% de sa valeur depuis le début de l'année.

Face à cette débâcle et pendant que M. Erdogan croise le fer avec Washington, les autorités turques s'efforcent d'apaiser les marchés.

Lundi, la banque centrale turque a annoncé une facilitation des liquidités pour les banques et promis de prendre les "mesures nécessaires" pour assurer la stabilité.

Le ministre des Finances Berat Albayrak, qui est par ailleurs le gendre de M. Erdogan, a affirmé mardi qu'Ankara continuerait de "protéger la livre".

Dénonçant lui aussi une "attaque" contre la devise turque, il a déclaré : "En essayant de nous raser la barbe, ils ne feront que perdre leurs bras".

M. Albayrak doit en outre s'entretenir avec plusieurs centaines d'investisseurs étrangers jeudi par téléconférence, selon la chaîne d'information NTV.

Avec AFP