Les joueurs aiment d'ordinaire être dans leur bulle avant un match. Mais cette fois ce n'était pas possible et le bruit du climat politique dans le pays a résonné dans l'environnement de la sélection espagnole.
Le cas Gerard Piqué a résumé la crispation: favorable au "droit à décider", en larmes après les violences policières qui ont émaillé le référendum d'autodétermination dimanche en Catalogne, le champion du monde 2010 a été vivement conspué lundi lors d'un entraînement avec la "Roja" ouvert au public.
Piqué, qui comptait prendre sa retraite internationale après le Mondial 2018, s'est dit prêt à "faire un pas de côté" si on ne voulait plus de lui. Face à la controverse, le sélectionneur Julen Lopetegui a dû défendre l'impeccable implication du joueur sous le maillot espagnol.
Dès vendredi dernier, le coach national a lancé sur la radio Cadenar Ser que si Piqué a été sélectionné "c'est parce qu'il est une solution" et non un problème.
Le joueur est lui même monté au créneau mercredi en s'invitant devant la presse, assurant "le mieux, c'est de continuer" en sélection.
Le défenseur de Barcelone a eu des mots très forts: "Je suis très fier de faire partie de l'équipe d'Espagne. C'est impossible de mettre en doute mon engagement, je suis là depuis mes 15 ans, c'est une famille pour moi".
"Ce n'est pas incongru, et je vais même aller plus loin: je crois qu'un indépendantiste pourrait jouer avec l'équipe d'Espagne, parce qu'il n'y a pas d'équipe de Catalogne et parce que l'indépendantiste n'a rien contre l'Espagne".
Quelle ambiance vendredi ?
Vendredi à Alicante, le défenseur catalan risque d'être à nouveau sifflé. La "Roja" (1re, 22 pts) s'en serait bien passée à l'heure de recevoir l'Albanie pour obtenir les trois derniers points lui assurant virtuellement une place en Russie aux dépens de l'Italie (2e, 19 pts), à la faveur d'une bien meilleure différence de buts (+29 contre +12).
Pour Piqué, "c'est un défi" de faire en sorte que le public cesse de le siffler comme il l'a fait lundi à l'entraînement de la "Roja".
"Nous sommes des joueurs, mais nous sommes avant tout des êtres humains et les êtres humains ont des opinions qui viennent de notre entourage, d'où on vient et des informations que l'on reçoit. C'est impossible que l'on pense tous pareil", a poursuivi le champion du monde 2010 et d'Europe 2012.
"Je crois qu'avec le dialogue et le respect, on arrive toujours à bon port", a ajouté le défenseur de 30 ans. "Il y a des choses qui pourraient se régler, mais ce n'est pas à nous de le faire, nous, nous sommes footballeurs".
Pas un jour ne se passe sans que politique et football ne s'entremêlent. L'ex-buteur star du FC Barcelone Hristo Stoïchkov a ainsi annoncé jeudi "soutenir" l'indépendance de la Catalogne, jugeant "inadmissibles" les violences policières qui ont émaillé le référendum d'autodétermination dimanche.
"Les dirigeants catalans et les électeurs ont décidé que le moment était venu de se séparer (de l'Espagne) et je les soutiens", a déclaré l'ancien Ballon d'or bulgare à la télévision nationale bulgare BNT.
"C'est normal. Je vis ici depuis 27 ans. Je sais ce que (les Catalans) m'ont donné et ce que je leur ai donné", a ajouté le gaucher, auteur de 162 buts avec le Barça entre 1990 et 1998.
"Je me fiche de l'Espagne, ce qui m'importe ce sont les gens en Catalogne. Personne ne veut de sang ni de matraquages", a-t-il ajouté en allusion aux violences de dimanche, les qualifiant d'"indignes" et "inadmissibles".
Avec AFP