Six militants pro-démocratie ont été condamnés mercredi à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, à deux ans de prison ferme pour "incitation à la révolte", en marge de la grève générale décrétée par l'opposition le 16 février, a annoncé à l'AFP leur avocat.
"Le ministère public avait requis dix ans, le tribunal de grande instance de Goma (capitale du Nord-Kivu) les a condamnés à deux ans de prison ferme pour incitation à la révolte", a déclaré au téléphone de Goma, Me Georges Kapiamba, en dénonçant "un verdict politique".
Les six membres de "Lutte pour le changement" (Lucha), un mouvement basé à Goma regroupant des jeunes indignés et qui se définit comme apolitique et non-violent, avaient été arrêtés le 16 février.
Deux autres membres de Lucha arrêtés à Kinshasa ont été placés sous mandat d'arrêt provisoire et transférés en prison, selon leur avocat.
Mardi, l'organisation américaine de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a demandé aux autorités congolaises de "libérer toutes les personnes injustement arrêtées ou détenues sous des accusations fallacieuses".
Le 16 février en RDC marque l'anniversaire de la répression meurtrière de la "marche des chrétiens" de 1992 partie des églises catholiques de Kinshasa après la messe dominicale pour tenter d'arracher la démocratie au dictateur Mobutu Sese Seko.
Estimant la démocratie "menacée", une coalition d'opposants avait appelé à commémorer cet événement par une grève générale nationale afin d'adresser un "avertissement" au chef de l'État.
Lucha avait soutenu ce mot d'ordre avec des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Nous avons gagné la coupe en 2016. 2016 sera la victoire de la démocratie", en référence à la victoire des Léopards de la RDC au championnat d'Afrique des Nations de football le 7 février.
La perspective de la tenue d'une présidentielle s'éloigne chaque jour davantage et l'opposition accuse M. Kabila, au pouvoir depuis 2001 et dont le mandat s'achève en décembre, de manoeuvrer pour contourner l'interdiction constitutionnelle qui lui est faite de se représenter.
L'ONU s'est inquiétée début décembre du "rétrécissement" de l'espace démocratique en RDC qui traverse une grave crise politique depuis la réélection en 2011 de M. Kabila lors d'élections caractérisées par de nombreuses irrégularités.
Avec AFP