eswatini: plusieurs morts lors d'une manifestation, selon des militants pro-démocratie

eSwatini protest

Plusieurs personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées dans la nuit de mardi à mercredi lors de nouveaux heurts entre policiers et manifestants dans le royaume d'Eswatini, ont affirmé à l'AFP des militants pro-démocratie.

"Huit manifestants ont été abattus" à Manzini, à environ 40 km de la capitale Mbabane, a déclaré à l'AFP le porte-parole du réseau associatif Swaziland Solidarity Network, Lucky Lukhele. Quelque 28 manifestants ont été touchés par des tirs, a-t-il ajouté.

Le bilan pourrait être plus élevé, selon le secrétaire général du Front démocratique uni du Swaziland (SUDF), Wandile Dludlu, qui fait état de 18 personnes ayant reçues des balles.

La police n'a pas confirmé ces chiffres.

La dernière monarchie absolue d'Afrique, autrefois appelée Swaziland, est secouée par une vague de violentes manifestations anti-royauté, menées par la jeunesse du pays de 1,3 million d'habitants.

Depuis quelques semaines, des centaines de jeunes réclament nuit et jour, dans les rues, un premier ministre élu et une démocratie multipartite, répliquant par des jets de pierres aux gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes de la police.

Le gouvernement a instauré cette semaine un couvre-feu nocturne, officiellement pour lutter contre le coronavirus, et l'armée a été déployée. Mercredi, les deux principales villes, Manzini et Mbabane, étaient sous le contrôle des militaires, selon M. Dludlu. Depuis mardi, l'accès à internet est limité.

La semaine dernière, le gouvernement avait déjà interdit les manifestations, attisant la colère. La police a prévenu qu'elle appliquerait une "tolérance zéro" à l'égard des contrevenants.

"Nous nous sommes endormis avec le bruit des tirs et nous nous sommes réveillés avec le son des coups de feu", a décrit Mbongwa Dlamini, responsable de l'Association des enseignants du Swaziland.

Les manifestations sont rares en Eswatini. Dans le petit pays pauvre et enclavé d'Afrique australe, où le roi nomme les ministres et contrôle le parlement, les partis politiques sont interdits depuis près de 50 ans.

Couronné en 1986 à l'âge de 18 ans, Mswati III, qui a 15 femmes et plus de 25 enfants, est décrié pour sa poigne de fer, ses frasques et son train de vie fastueux dans un pays dont les deux tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.

En 2019, une série de grèves des fonctionnaires, accusant le monarque de vider les caisses du pays au détriment de ses sujets, avait déjà secoué le royaume.