Etats-clés et grands électeurs, les maths de l'élection américaine

Le sénateur Sherrod Brown, D-Ohio, vote en avance au Conseil du comté de Cuyahoga des élections à Cleveland, 25 octobre 2016.

Pour emporter l'élection présidentielle américaine, un candidat doit arriver au chiffre magique de 270 grands électeurs. Pour essayer d'anticiper le résultat, il faut donc savoir compter, additionner, soustraire et combiner.

Car ce scrutin au suffrage universel indirect se joue selon un mécanisme particulier, non pas au niveau national, mais au niveau des 50 Etats.

Dans chaque Etat, le vote populaire le 8 novembre se traduira en grands électeurs, dont le nombre varie en fonction de la population de l'Etat.

Le candidat qui arrive en tête dans un Etat y rafle tous les grands électeurs, sauf dans le Maine et le Nebraska, où le système est proportionnel.

Emporter la Californie par exemple (38,8 millions d'habitants), assure au candidat 55 grands électeurs. Gagner le Montana (1 million d'habitants) lui assure 3 grands électeurs.

Au total, 538 grands électeurs sont en jeu, un chiffre correspondant au nombre d'élus au Congrès (435 membres de la Chambre et 100 du Sénat) plus trois grands électeurs pour la ville de Washington qui ne fait partie d'aucun Etat. Ce sont ces grands électeurs qui techniquement éliront le président et son vice-président le 19 décembre, une formalité.

Pour gagner, un candidat doit donc obtenir la majorité des grands électeurs, soit 270, et si l'histoire est un indicateur, la tâche semble beaucoup plus facile pour la démocrate Hillary Clinton.

Car depuis 1992, 18 Etats ont systématiquement voté démocrate. Ils conjuguent 242 grands électeurs. Treize Etats ont sur la même période systématiquement voté républicain, mais ils ne pèsent que 102 grands électeurs. Une autre demi-douzaine d'Etats, en dépit de fluctuations passées, semblent solidement acquis au républicain Donald Trump.

Reste une dizaine d'Etats, appelés les Etats-clés, au résultat plus incertain, et où Hillary Clinton et Donald Trump concentrent tous leurs efforts. Plus le nombre de grands électeurs y est important, plus ces Etats sont déterminants, comme la Floride (29 grands électeurs), l'Ohio (18) ou la Caroline du Nord (15), et Donald Trump et Hillary Clinton y retournent sans arrêt.

Mais le total de 270 peut aussi basculer grâce à l'addition de petits Etats, comme le Nevada, l'Iowa ou le New Hampshire, pas question donc de les négliger. Ou grâce à un Etat historiquement acquis à l'un des camps, mais plus fragile cette année.

- Etats pivots -

Les experts comptent donc dans tous les sens, explorent de multiples combinaisons, ajoutant l'Ohio, retranchant l'Iowa, faisant basculer un Etat démocrate ou un Etat républicain.

En dépit des variations, la clé de l'élection semble en Floride, le gros lot des Etats pivots. Sans la Floride, il sera "très difficile" à Donald Trump de l'emporter, a reconnu sa directrice de campagne Kellyanne Conway.

Voici un rappel des principaux Etats-clés, leur nombre de grands électeurs, et la moyenne des récents sondages au 28 octobre, pour chaque Etat, dans une course à 4, incluant les deux petits candidats, le libertarien Gary Johnson et la candidate des Verts Jill Stein.

- Floride: 29 grands électeurs. Clinton 44,7% des intentions de vote, Trump 44% (Johnson 3,2%, Stein 1,6%)

- Ohio: 18 grands électeurs. Trump 44,8%, Clinton 43,7%

- Géorgie: 16 grands électeurs. Trump 46,3%, Clinton 43,5%

- Caroline du Nord: 15 grands électeurs. Clinton 46,2%, Trump 43,8%

- Virginie: 13 grands électeurs. Clinton 46%, Trump 38,8%

- Arizona: 11 grands électeurs. Clinton 43,5%, Trump 42%

- Colorado: 9 grands électeurs. Clinton 44,6% Trump 38,4%

- Iowa: 6 grands électeurs. Trump 41,7%, Clinton 40,3%

- Nevada: 6 grands électeurs. Clinton 45,3%, Trump 43,3%.

- New Hampshire: 4 grands électeurs, 44,5%, Trump 38%.

Autre Etat intéressant cette année, l'Utah, qui vote républicain depuis 1968. Un candidat indépendant de confession mormone, Evan McMullin, 40 ans, s'est lancé dans la course en août et y talonnait récemment Donald Trump.

Avec AFP