Les tests pour évaluer le risque de cancer du sein sous-utilisés aux Etats-Unis

Une mammographie préventive étudiée par un spécialiste.

Des tests permettant de déterminer si des femmes sont porteuses de certaines mutations génétiques, qui accroissent nettement le risque de cancer du sein et de l'ovaire, ne sont pas recommandés voire même discutés par un grand nombre de médecins aux Etats-Unis.

C'est ce que révèle une étude publiée mardi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), selon laquelle seulement 53% des femmes considérées comme ayant un risque élevé de développer ces cancers ont été testées pour des mutations dans les gènes BRCA1 et BRCA2.

Il s'agit de femmes ayant des antécédents familiaux: la mère ou une tante, par exemple, ont eu un cancer mammaire ou de l'ovaire.

"Nous avons constaté que les conseils en matière de tests génétiques et le dépistage de ces deux mutations sont insuffisants au regard des besoins médicaux", pointe la Dr Allison Kuriane, professeur de médecine à l'Université de Stanford, principale auteur.

"Cette situation est particulièrement préoccupante car cela signifie que les médecins ratent la possibilité de prévenir des cancers chez les femmes porteuses de ces mutations et les membres de leurs familles", estime-t-elle.

L'étude a été menée auprès de plus de 2.500 femmes âgées de 20 à 79 ans, diagnostiquées d'un cancer du sein et interrogées deux mois après une intervention chirurgicale pour enlever la tumeur.

Le questionnaire cherchait à déterminer la proportion de ces femmes qui souhaitait avoir ces tests génétiques, si cette question avait été discutée avec leurs médecins et si elles avaient été testées.

Dans le détail, deux patientes sur trois (66%) ont indiqué qu'elles avaient souhaité avoir un test génétique mais seulement 29% ont été testées, précisent les auteurs de l'étude.

- Prise de conscience -

Huit sur dix parmi celles qui présentaient un risque élevé de mutations génétiques en raison de leurs antécédents voulaient être testées mais un peu plus de la moitié seulement l'ont été.

Quelque 56% des femmes n'ayant pas subi ces tests ont attribué ce fait à l'absence de recommandation du médecin.

L'étude a également mis en évidence un manque de structures pour conseiller les femmes sur la nécessité de ces tests qui existent depuis une vingtaine d'années, et les aider à en comprendre les résultats.

Seulement 40% des participantes qui présentaient un haut risque de développer un cancer du sein ou de l'ovaire et 60% de celles dans cette catégorie ayant été testées, ont dit avoir eu une session pour les conseiller sur les tests génétiques.

"Nous n'avons pas de boule de cristal mais les tests génétiques peuvent être de puissants outils pour certaines femmes", souligne la Dr Reshma Jagsi, professeur de radiologie du cancer à l'Université du Michigan.

Il est estimé que de 5 à 10% des femmes développant un cancer du sein sont porteuses de l'une de ces mutations.

Parmi ces dernières, les groupes qui ont le plus grand risque de ne pas bénéficier de ces tests génétiques aux Etats-Unis sont les femmes de la communauté asiatique et les femmes âgées, précise l'étude.

La star hollywoodienne Angelina Jolie a contribué à une plus grande prise de conscience de l'importance de ces tests en annonçant en 2013 avoir subi une ablation des seins pour prévenir un risque très élevé de cancer. Elle est porteuse d'une de ces mutations comme sa mère et sa tante décédées d'un cancer de l'ovaire.

En 2016, 1,68 million de nouveaux cas de cancer du sein ont été diagnostiqués aux Etats-Unis et plus de 595.000 femmes en sont décédées, selon l'Institut national américain du cancer.

Avec AFP