"Le Dr Chane Kebede a été arrêté dimanche 24 septembre au matin, alors qu'il était dans un café" d'Addis Abeba, la capitale éthiopienne, a déclaré Seyoum Mengesha, chef des affaires juridiques du parti.
"On ne lui a pas dit pourquoi il était arrêté" et son bureau et son appartement ont été perquisitionnés par les forces de sécurité qui "n'ont pas présenté de mandat de perquisition", a-t-il ajouté, dénonçant une "arrestation ne respectant pas les procédures".
M. Chane reste détenu à Addis Abeba, dans un centre du Bureau d'enquêtes criminelles, plus de 48 heures après son arrestation, délai légal de garde à vue en Ethiopie, et n'a toujours pas été ni interrogé ni présenté à un juge, selon M. Seyoum.
"Nous ne savons pas pourquoi il a été arrêté. Il y a des rumeurs selon lesquelles cela pourrait être lié aux violences en région d'Amhara et à l'actuel état d'urgence" qui permet notamment des arrestations et perquisitions sans mandat et élargit les possibilités et délais de détention sans décision judiciaire, a-t-il ajouté. M. Chane est d'ethnie amhara.
L'Etat d'urgence a été proclamé début août dans l'Etat régional de l'Amhara, théâtre depuis avril d'affrontements armés opposant l'armée et la police fédérale à des milices régionales "d'autodéfense", les Fano. L'état d'urgence s'applique en région amhara, mais aussi sur le reste du territoire à quiconque est suspecté d'implications dans ces violences.
Dimanche, les Fano ont mené plusieurs attaques à Gondar, ancienne capitale impériale et ville la plus peuplée de l'Amhara, notamment contre des postes de police, ont indiqué à l'AFP une source sécuritaire et des habitants. L'armée fédérale éthiopienne, en charge de la sécurité en Amhara depuis l'état d'urgence, a affirmé dimanche soir avoir repoussé "une tentative d'infiltration" de Gondar, menée dimanche à l'aube par des Fano.
Ezema a été fondé en 2019, un an après l'arrivée au pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed, en fusionnant plusieurs partis d'opposition à l'EPRDF, la coalition jusqu'à alors au pouvoir en Ethiopie.
Le parti détient quatre sièges à la chambre basse du Parlement, où le Parti de la Prospérité de M. Abiy truste plus de 95% des sièges. Il se définit comme une formation d'opposition mais a accepté d'entrer au gouvernement en envoyant l'un de ses hauts dirigeants, Berhanu Nega, y occuper le poste de ministre de l'Education.