Bombardement d'une école au Tigré, un "possible crime de guerre" selon HRW

Plus de 400.000 personnes, selon l'ONU, ont été déplacées au Tigré par le conflit qui a commencé début novembre 2020.

L'ONG Human Rights Watch a demandé jeudi au gouvernement éthiopien d'enquêter sur le bombardement meurtrier, en janvier, d'une école hébergeant des déplacés dans la région en guerre du Tigré, et de punir les coupables de ce qui "s'apparente à un crime de guerre".

Le 7 janvier, "ce qui semble un drone armé a largué trois bombes" sur une école "abritant des milliers de déplacés tigréens" dans la localité de Dedebit, "tuant au moins 57 civils et en blessant plus de 42", rappelle HRW dans un communiqué.

Plus de 400.000 personnes, selon l'ONU, ont été déplacées au Tigré par le conflit qui a commencé début novembre 2020, quand le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale déloger les autorités de la région, gouvernée alors par le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF) qui contestait son autorité depuis des mois.

Rapidement défaites, les troupes rebelles du TPLF ont ensuite, courant 2021, repris militairement le Tigré et le conflit s'est depuis propagé aux régions voisines.

"Le gouvernement éthiopien devrait mener une enquête prompte, complète et impartiale sur cet apparent crime de guerre et poursuivre les responsables", estime HRW qui dénonce les "violations généralisées" des droits humains "de la part de tous les belligérants dans le nord de l'Ethiopie".

"Le drone éthiopien a frappé l'école de Dedebit trois fois, tuant et mutilant des déplacés tigréens, principalement des vieillards, des femmes et des enfants, endormis sous des tentes faites de bâches de plastique ou dans le bâtiment de l'école", explique Laetitia Bader, directrice Afrique de l'Est de HRW dans ce communiqué.

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Human Rights Watch indique n'avoir "trouvé aucun indice de cibles militaires sur le site de déplacés de Dedebit".

En se basant sur les débris récupérés par des survivants et des travailleurs humanitaires, sur l'étendue des dégâts et sur les types de blessures, l'ONG affirme avoir identifié les bombes larguées comme étant des "micro-munitions intelligentes MAM-L", fabriquées par l'entreprise turque Roketsan.

"L'utilisation de bombes guidées sans indice de cible militaire laisse penser qu'il s'agit d'un présumé crime de guerre", selon Laetitia Bader.

Le conflit a fait des milliers de victimes et les deux camps ont déjà été à plusieurs reprises accusés de diverses violations des droits de l'homme et d'une longue liste d'atrocités.

En mars, la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits humains Michelle Bachelet avait recensé 304 personnes tuées et 373 blessées entre fin novembre et fin février derniers dans des bombardements aériens, "apparemment menés par l'aviation militaire éthiopienne".