Dans une lettre envoyée mercredi à Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, le chef du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), Debretsion Gebremichael, a appelé à la fin sous condition des hostilités alors que les combats s'intensifient sur plusieurs fronts.
Dans cette lettre, obtenue par l'AFP et authentifiée par Getachew Reda, porte-parole de la rébellion, Debretsion Gebremichael a affirmé que la trêve dépendait notamment "d'un accès humanitaire sans entrave" et du retour de services essentiels dans la région du Tigré.
Le Tigré, situé au nord de l’Éthiopie, est coupé du reste du pays et privé d'électricité, de réseaux de télécommunications, de services bancaires et de carburant. L'acheminement routier et aérien de l'aide humanitaire est également totalement interrompu depuis la reprise des combats. Ce retour des hostilités "affecte déjà les vies et moyens de subsistance des personnes vulnérables, notamment la distribution d'une aide humanitaire vitale" en Afar, en Amhara et au Tigré, a déploré jeudi le Bureau de coordination de l'aide humanitaire (Ocha).
Les combats se sont notamment intensifiés au nord du Tigré où l'armée éthiopienne, épaulée par des forces par des troupes de l’Érythrée voisine, ciblent des positions rebelles, ont affirmé à l'AFP une source diplomatique et une source étrangère, qui ont requis l'anonymat. Les journalistes n'ont pas accès au nord de l’Éthiopie, rendant impossible toute vérification indépendante.
Forces érythréennes
Dans sa lettre, Debretsion Gebremichael a appelé au "départ des forces érythréennes d’Éthiopie et du territoire tigréen, sous supervision internationale". Le chef du TPLF a également demandé au Conseil de sécurité de l'ONU le départ des troupes de la partie occidentale du Tigré, une région disputée et revendiquée par les Amharas et les Tigréens, causant de vastes déplacements de population. Dans cette région, Washington a également dénoncé des "actes de nettoyage ethnique".
Le gouvernement éthiopien n'a pas officiellement répondu à cette lettre. Parallèlement, les efforts diplomatiques se poursuivent pour tenter de faire cesser les hostilités, alors que les deux camps se renvoient la responsabilité de la reprise des combats.
Arrivé lundi à Addis Abeba, l'envoyé spécial américain pour la Corne de l'Afrique Mike Hammer prolonge son séjour en Ethiopie, où est attendue prochainement son homologue européenne Annette Weber, ont indiqué des sources diplomatiques à l'AFP, sans autre détail.
Le conflit dans le nord de l’Éthiopie a éclaté en novembre 2020, quand le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée au Tigré déloger les autorités dissidentes de la région, les accusant d'avoir attaqué des bases militaires.