On avait pris l'habitude de ses résurrections, à force d'embûches toujours surmontées, d'enterrements trop vite prononcés. Valbuena, c'était le "Lazare" du foot français.
Au point qu'il y a huit mois encore, personne n'imaginait le sélectionneur des Bleus se passer pour l'Euro à domicile d'un de ses joueurs les plus performants depuis sa prise de fonction en 2012.
Qui, en effet, aurait cru en ce soir du 4 septembre 2015, en cette 85e minute du match amical contre le Portugal (1-0) à Lisbonne, que le coup franc victorieux de Valbuena serait son dernier fait d'armes sous ce maillot tricolore qui le transcende tant?
Pourtant, tout a basculé deux mois plus tard avec la fameuse affaire de la sex-tape, qui a pris une dimension judiciaire lorsque Karim Benzema a été mis en examen le 5 novembre pour complicité de tentative de chantage et participation à une association de malfaiteurs.
Fatigue musculaire
Depuis, le milieu de terrain a plus souvent vu son nom noircir la rubrique faits divers que les colonnes football, au cours d'une saison où il ne s'est jamais imposé dans les rangs lyonnais. Une saison qui avait déjà démarré sous de mauvais auspices le 21 septembre à Marseille, où l'accueil fut terrible pour son retour au Vélodrome, avec un mannequin à son effigie pendu dans les tribunes.
Après avoir passé huit ans à l'OM, le coup fut dur pour Valbuena, qui a ensuite enchaîné les blessures tout au long de l'hiver. Victime d'une fatigue musculaire depuis février, il ne s'en est toujours pas complètement remis. Et depuis, l'OL s'est relancé dans la course à la Ligue des champions avec des jeunes comme Rachid Ghezzal et Maxwell Cornet.
Comme un fil rouge, les soubresauts de l'affaire ont constamment pollué sa saison, parfois à sa propre initiative, comme lorsqu'il chargea Benzema dans un entretien accordé au Monde (27 novembre).
Le dernier épisode en date (13 avril) fut la mise à l'écart de Benzema pour l'Euro. Et alors que le Madrilène a continué de briller avec le Real, montrant que l'affaire n'avait pas de prise sur ses performances, Valbuena n'a lui jamais cessé d'accuser le coup.
S'en relèvera-t-il?
Deschamps ne l'a plus rappelé depuis le rassemblement d'octobre. En novembre, consécutivement à la mise en examen de Benzema, "DD" avait choisi de le ménager. En mars, "petit vélo" a payé sa méforme persistante, pendant que les Bleus séduisaient face aux Pays-Bas (3-2) et la Russie (4-2).
"Je connais Mathieu, ce n'est pas dans ses habitudes de se blesser comme cela, il est aussi moins performant", avait alors justifié "DD". Et sans lui, sans Benzema, une nouvelle dynamique a fini par se créer en équipe de France. Deschamps ne voulait pas briser cet élan.
Valbuena, qui a déjà renversé bien des situations - d'abord pour passer professionnel quand le monde amateur lui était promis, puis à l'OM, sous l'ère Deschamps (2009-2012), d'abord réfractaire puis convaincu -, croyait encore en son étoile il y a un mois. "C'est une saison pas simple pour moi. Mais ce sont des épreuves à franchir, ça me rendra plus fort. J'ai envie de revenir en équipe de France", assurait-il.
Finalement, les éléments contraires étaient trop forts. Et Valbuena pourra toujours en retirer un sentiment d'injustice, lui la victime sur plusieurs tableaux, judiciaire et sportif, d'une affaire dont il se serait bien passé. A 31 ans, il rêvait de briller à l'Euro avec l'équipe de France. S'en relèvera-t-il?
Avec AFP