Euro-2016 - L'Islande est devenue complètement foot

Les joueurs islandais célèbrent avec leurs fans après le coup de sifflet final du match contre l'Autriche au Stade de France à Saint-Denis, France, le 22 Juin 2016. L'Islande a gagné 2-1.

Le ballon rond s'affiche partout, dans les commerces, les restaurants et les bars, les stations-essence, qui rivalisent d'inventivité pour leurs promotions "spécial Euro".

"Je connais un gars qui n'est pas intéressé. Il se sent un peu seul", confie à l'AFP Ivar Hauksson, guide touristique dans une Islande en pleine folie contagieuse: même ceux qui n'aiment pas le foot connaissent à présent par coeur le nom des onze titulaires qualifiés pour les quarts de l'Euro-2016.

"C'est irréel. Il y a deux ans on était nuls. Maintenant on est dans le top 8 européen. La motivation de l'équipe est incroyable. Ils ne craignent personne", s'amuse encore Ivar, plutôt amateur de handball le reste de l'année.

Le ballon rond s'affiche partout, dans les commerces, les restaurants et les bars, les stations-essence, qui rivalisent d'inventivité pour leurs promotions "spécial Euro".

La compagnie aérienne Icelandair a ajouté deux vols vers Paris, vendredi et samedi. Elle ne devrait pas avoir du mal à les remplir. Dimanche, c'est un quart de finale historique contre la France, le pays hôte.

Seuls malheureux: la loterie nationale. Elle avait déterminé ses cotes de manière rationnelle. Elle va payer cher la confiance des parieurs islandais dans leur équipe, en déboursant 3,7 fois ce que le match a rapporté.

"On perd des millions avec ce score-là. Mais c'est quand même une sensation incroyable", a écrit sur Twitter un dirigeant de l'entreprise, Stefan Konradsson.

Dimanche ce sera donc la France, au Stade de France. Mais quoi qu'il arrive "quand les gars reviendront à la maison, peu importe à quel moment, ce seront des héros nationaux", disait le futur président Gudni Johannesson, passionné de football qui a été élu chef de l'État samedi.

Lundi soir quelque 10.000 personnes étaient devant un écran géant installé dans le parc Arnarholl dans le centre de Reykjavik.

- "Ça s'arrête où?" -

À peine le temps de s'inquiéter de l'ouverture du score par Rooney (4e minute) que Sigurdsson égalisait (6e). Et Sigthorsson (18e) de donner un avantage définitif aux Islandais.

Cris, larmes, embrassades: rarement on avait vu une telle liesse dans ce pays si tranquille. C'était bien au-delà du plus grand exploit sportif du pays avant cet Euro, une médaille d'argent en handball masculin aux jeux Olympiques de 2008.

Le commentateur islandais Gudmundur Benediktsson, star des réseaux sociaux, s'est encore cassé la voix. "C'est fini! Ne me réveillez jamais! Ne me réveillez jamais de ce rêve de dingue! L'Islande... va au Stade de France... dimanche! France-Islande! L'Angleterre rentrez à la maison! Sortez de l'Europe, allez où vous voulez! Angleterre 1, Islande 2, c'est le score final!", a-t-il hurlé.

Après la rencontre, sa collègue Maria Sigrun Hilmarsdottir présentait le journal télévisé en maillot bleu. La ministre des Affaires étrangères Lilja Alfredsdottir avait revêtu le même lors d'une très sérieuse réunion de l'Association européenne de libre-échange à Berne.

L'Islande et ses fans ne craignent plus personne depuis un moment, depuis une victoire déjà historique en éliminatoires à Amsterdam face aux Pays-Bas (1-0) en septembre 2015 qui, rétrospectivement, ne semble pas avoir servi de leçon à ses adversaires.

"Ça s'arrête où?", titrait le quotidien Frettabladid. La photo des vainqueurs s'étalait sur la une et la quatrième de couverture.

Konrad, supporter interrogé par le quotidien Morgunbladid, espère que ça ira très loin: il a son billet pour la finale du 10 juillet: "J'espère qu'on rigolera moins de moi maintenant que quand je l'ai acheté".

Mieux encore, même des joueurs parmi les 23 ont été pris de court. "Certains gars avaient déjà réservé leurs vacances, mais malheureusement pour eux ils vont devoir continuer à jouer", révélait à la chaîne RUV le co-sélectionneur Heimir Hallgrimsson.

Avec AFP