La Selecçao affrontera dimanche au Stade de France le vainqueur de la deuxième demie, Allemagne - France, qui se joue jeudi.
"J'espère que dimanche, vous me verrez pleurer de joie", a lancé Ronaldo après le match. La première et dernière fois qu'il a disputé une finale de tournoi international, il avait 19 ans et avait fini en pleurs : la Grèce avait stupéfié l'Europe et plongé le pays dans le désespoir en battant le Portugal chez lui, à Lisbonne (1-0).
Aujourd'hui, il a 31 ans et a changé de dimension.
On le disait fatigué par sa très longue saison, moins décisif, trop arrogant? Son Portugal n'avait encore pas gagné dans les 90 minutes du temps réglementaire et était privé de son meilleur défenseur, Pepe, blessé ? "CR7" a fait taire critiques et inquiétudes, de la tête sur corner (50e) puis en offrant dans la profondeur le but du K.O trois minutes plus tard à Nani (53e).
- Comme Platini -
D'un but, trois coups : Ronaldo a pris le meilleur sur son coéquipier à Madrid Gareth Bale, tranchant pendant une grosse demi-heure mais pas aussi décisif. Il a égalé le record de buts marqués par un joueur en championnat d'Europe - détenu par le Français Michel Platini, qui a lui inscrit ses 9 buts en un seul Euro, en 1984, contre 4 pour "CR7".
Et, surtout, il a qualifié son pays. Enfin. Car le Portugal est un habitué du dernier carré européen, qu'il a atteint à quatre reprises lors des 5 derniers Euros (quart de finaliste en 2008).
Dès le coup de sifflet final, des dizaines de milliers de fans installés devant un écran géant à Lisbonne ont fêté bruyamment le triomphe de leur équipe et un concert de klaxons a retenti dans les rues de la capitale lusitanienne. "Cette année on sera champions", a tranché, confiante, Maria Beatrix Fernandes, une fan de 14 ans.
Depuis son premier Euro en 2004, Ronaldo a remporté trois Ballons d'or (2008, 2013, 2014) et trois Ligues des champions (2008, 2014, 2016). Il a aussi pris une importance démesurée dans le jeu du Portugal, dont il est capitaine, meilleur buteur (61 réalisations) et joueur le plus capé (132).
Le Madrilène attire les ballons et les défenses adverses. Lesquelles le serrent de très près, parfois même un peu trop comme quand le défenseur gallois James Collins l'a retenu façon "cravate" de rugby dans sa surface de réparation (10e).
Mais si les Gallois ont su le museler en première période, ils n'ont rien pu faire quand il s'est élevé au-dessus de tout le monde sur un corner joué à deux par Joao Mario et Raphaël Guerreiro.
- Allemagne-France, un classique -
Ronaldo a pu exulter près du poteau de corner, les talons plantés dans la pelouse - 'Suuuuuuu!', son cri de célébration - avant d'éteindre le si jovial public gallois en délivrant un caviar transformé par Nani (53e).
Bale, lui, n'a pas eu la réussite de son coéquipier à Madrid malgré quelques tentatives dans les 15 dernières minutes.
Mais il peut déjà se vanter d'avoir emmené le pays de Galles à son meilleur résultat de l'histoire en atteignant les demi-finales de l'Euro. "On rentre tout de même à la maison la tête haute", a-t-il glissé.
L'autre demi-finale, jeudi à Marseille, est un classique entre les deux meilleurs ennemis du foot européen. La France part avec un complexe d'infériorité : elle a successivement été éliminée par l'Allemagne aux Mondiaux 82, 86 (demi-finales) puis 2014 (quart).
"La France est un peu plus forte" qu'en 2014, assure le sélectionneur allemand Joachim Löw, tout en rappelant que la Mannschaft "sera l'adversaire le plus difficile pour elle jusqu'ici dans ce tournoi" (Roumanie, Albanie, Suisse au premier tour, Eire en huitièmes puis Islande en quarts).
"On a une nouvelle page à écrire", répond son homologue français Didier Deschamps. Il rêve de rééditer les sacres à domicile de l'Euro-84 puis du Mondial-98, qu'il avait remporté comme capitaine des Bleus.
Avec AFP