Jusqu'au bout, les Espagnols y ont cru. Jusqu'au bout, ils ont poussé, sûrs de leur supériorité technique, et ils ont fini par trouver la faille grâce à Piqué (87e) monté à l'abordage au Stadium de Toulouse et bien servi par l'étincelant Andres Iniesta.
Ce but, oeuvre d'un défenseur, a bien résumé l'inefficacité offensive des attaquants espagnols, d'abord l'avant-centre Alvaro Morata, ensuite Aritz Aduriz, face à l'excellent gardien tchèque Petr Cech. A l'autre bout du terrain, le portier espagnol David de Gea, titularisé malgré le scandale sexuel qui l'a éclaboussé la semaine dernière, n'a pas démérité non plus en se montrant très concentré, notamment sur une parade cruciale dans le temps additionnel.
En tête du groupe C avec la Croatie (3 pts) et opposée à la Turquie vendredi prochain, la "Roja" se retrouve idéalement lancée vers une reconquête, deux ans après l'humiliant premier match perdu au Mondial-2014 (5-1 contre les Pays-Bas) qui avait précipité son élimination précoce.
C'est, au passage, un joli pied de nez de la part du Catalan Gerard Piqué, souvent sifflé ces derniers mois lorsqu'il portait le maillot de la sélection espagnole, en raison de ses prises de position volontiers indépendantistes.
Cette fois, le défenseur du FC Barcelone a fait se lever comme un seul homme tous les Espagnols présents à Toulouse, sous les yeux du Roi d'Espagne Felipe VI. Et il a évité à la "Roja" de revivre encore le scénario d'une domination stérile.
Dans l'ensemble, les Tchèques n'ont que rarement mis en difficulté la défense espagnole et De Gea a été vigilant lorsque c'était nécessaire (44e, 57e).
Le jeune gardien de Manchester United (25 ans) était sous le feu des projecteurs pour sa première apparition lors d'une phase finale avec la "Roja", quatre jours après avoir été mentionné dans une affaire de moeurs en Espagne.
Avec sa titularisation, une page s'est tournée en Espagne puisque Casillas (167 sélections), capitaine emblématique du triplé Euro-Mondial-Euro entre 2008 et 2012, avait été systématiquement le gardien titulaire de la "Roja" depuis le Mondial-2002.
Mais, souriant avant le match, De Gea n'a laissé filtrer aucun trouble, aucune déconcentration. Et il n'a pas eu grand-chose à faire au final, tant son équipe a été ultradominatrice, avec 67% de possession de balle.
A l'inverse, à l'autre bout du terrain, le Tchèque Petr Cech a dû s'employer. Par deux fois, l'expérimenté portier de la "Reprezentace" (34 ans) s'est interposé devant Morata (16e, 29e), attendu comme l'avenir espagnol au poste d'avant-centre mais peut-être rattrapé par l'enjeu lundi. Le jeune attaquant a dû céder sa place à l'heure de jeu au vétéran Aritz Aduriz, pas plus verni.
Heureusement, Iniesta a créé le danger presque à chaque fois qu'il a pris le ballon (26e, 39e, 40e). Et au fil des minutes, la pression espagnole s'est accentuée, même si Cecs Fabregas a été contraint à un dégagement devant sa ligne sur une rare incursion tchèque (65e).
Dans une fin de rencontre étouffante, c'est l'inévitable Iniesta qui, d'un délicieux centre, a fini par décanter la situation en trouvant son partenaire au Barça Gerard Piqué. A Toulouse, les Espagnols ont pu exulter: l'Espagne est de retour !
Avec AFP