Evgueni Prigojine : les ailes d’un fugitif

Evguéni Prigojine, le patron de la milice privée russe Wagner.

Evgueni Prigojine, reconnu pour avoir dirigé la milice russe Wagner, a longtemps défié l'ordre international. Ses capacités à échapper à la surveillance étaient légendaires. Toutefois, l'ironie a voulu que ce maître de la dissimulation trouve sa fin dans un accident d’avion, le 24 août 2023.

Selon une enquête fouillée du Wall Street Journal datée du 30 août, Prigojine avait une méfiance naturelle envers les voyages aériens. Il avait toujours cette intuition que les cieux seraient, ironiquement, sa perte. Cette pensée a guidé beaucoup de ses déplacements.

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Réactions après la mort annoncée d'Evguéni Prigojine dans un crash

À 62 ans, l'homme était sur la liste noire de plus d'une trentaine de pays. Notamment les États-Unis, qui le soupçonnaient d'avoir tenté d'influencer leur présidentielle de 2016. Cette notoriété le poussait à user de tactiques complexes pour échapper à ses détracteurs. Toujours en mouvement, il semblait insaisissable, jonglant entre ses diverses responsabilités et la nécessité de se cacher.

Des sources diverses, interrogées par le Wall Street Journal, ont parlé d'une véritable stratégie de déplacement. Plans de vol modifiés, transpondeurs délibérément éteints, tout était en œuvre pour éviter la détection. Il possédait notamment un Embraer Legacy 600, acquis pour 10 millions de dollars en 2018. C’est à bord de cet appareil que le drame a eu lieu, peu après son décollage, près de la résidence de Vladimir Poutine à Tver.

La subtilité avec laquelle Prigojine opérait était sans pareil. Il n'était pas rare qu'il s'intègre à l'équipage pour brouiller les pistes. Ses déplacements étaient si fréquents qu'il était souvent décrit comme étant "toujours entre deux avions", fusionnant presque avec l'identité d'un passager anonyme.

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Récemment, sa méfiance s'était accrue. Des données analysées par le Wall Street Journal, notamment celles de Flightradar24, suggéraient qu'il était de plus en plus sur ses gardes. Sa relation autrefois chaleureuse avec Poutine semblait s'être refroidie, l'amenant à éviter certaines zones sous surveillance directe du Kremlin.

Sa mort inattendue alimente rumeurs et spéculations. Alors que l’État russe promet une enquête approfondie, beaucoup se demandent si la véritable histoire de ce maître de la dissimulation sera un jour connue. Ce qui est sûr, c'est que l'empreinte de Prigojine restera marquée dans l'histoire contemporaine.