L'ex-otage australienne veut retrouver son mari et rester vivre au Burkina Faso

Jocelyn Elliott, ex-otage, arrive à Ouagadougou le 8 février 2016. (AP Photo/Theo Renaut)

L'Australienne, libérée par Al-Qaïda ce week-end, est arrivée à Ouagadougou lundi matin et a été accueillie par le président burkinabè.

L'Australienne Jocelyn Elliott, 76 ans, relâchée samedi grâce à l'aide du Niger après avoir été kidnappée avec son mari médecin à la mi-janvier au Burkina Faso par des jihadistes liés à Al-Qaïda, a déclaré lundi à Ouagadougou vouloir retrouver son époux et rester au Burkina.

"Je veux être avec mon mari bientôt pour que nous puissions aller à Djibo (nord du Burkina où résidait le couple) et continuer là-bas", a déclaré Mme Elliott au palais présidentiel de la capitale où elle a été reçue par le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré.

Mme Elliott, qui a lu une courte déclaration en français à la presse, n'a pas évoqué ses conditions de détention ni de libération.

Elle avait été accueillie samedi par le président nigérien Mahamoudou Issoufou à Dosso (sud-est du Niger). Elle est arrivée lundi matin à Ouagadougou en compagnie de la ministre nigérienne des Affaires étrangères Aichatou Kané Boulama.

Originaires de Perth, les époux Elliott vivaient au Burkina depuis 1972 et étaient engagés dans des opérations humanitaires en faveur des populations de la province du Soum et des pays voisins du Mali et du Niger.

Chirurgien de formation, le Dr Arthur Kenneth Elliot, 81 ans, dirigeait une clinique. Le couple était apprécié par les habitants de Djibo qui se sont mobilisés pour demander la libération de "leurs" compatriotes.

"Je suis très émue de (me) trouver ici au milieu de ma famille du Burkina. Je veux remercier la population du Burkina pour le soutien durant mon absence", a ajouté Mme Elliott.

Mme Elliott, qui a paru fatiguée, a également adressé ses "remerciements aux gouvernements du Niger, du Burkina Faso et de l'Australie".

Mme Elliott et son mari avaient été enlevés à Djibo à la frontière avec le Mali et le Niger, dans la nuit du 15 au 16 janvier lors d'une action apparemment coordonnée.

Cette nuit-là, à Ouagadougou, des attaques jihadistes avaient fait 30 morts et 71 blessés. Dans la journée du 15 janvier, une attaque contre des gendarmes avait également fait deux morts à Tin-Akoff, dans le nord.

"Bon espoir" pour son mari

L'enlèvement du couple australien avait été revendiqué par Ansar Dine, groupe jihadiste de l'ex-chef rebelle touareg malien Iyad Ag Ghaly, au nom de "l'Emirat du Sahara". Selon des spécialistes des milieux islamistes, cette appellation désigne une branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Le président Kaboré a lui salué "l'action faite pendant quarante ans (par le couple) au profit des plus démunis sur le plan de la santé dans les zones difficiles du Burkina (...) quarante ans c'est pratiquement toute une vie au service du Burkina".

Le président n'a pas non plus commenté les détails de la libération de l'otage mais précisé qu'elle avait été obtenue "grâce à la coopération entre le Burkina et le Niger".

"Je voudrais saluer sincèrement le Niger pour le travail que nous avons pu faire sur le terrain pour cette libération. Je voudrais également dire que le travail doit se poursuivre parce que le docteur Elliott n'a pas encore été libéré mais nous avons bon espoir que quelque chose sera fait dans les prochains jours", a-t-il précisé.

"Nous travaillons toujours avec le Niger et l'Australie pour que le couple puisse encore se retrouver", a-t-il poursuivi.

Le Niger a déjà participé à des négociations pour la libération d'otages occidentaux détenus par des groupes islamistes, notamment celle du franco-serbe Serge Lazarevic. Enlevé en novembre 2011 dans le nord du Mali, il avait été libéré après plus de trois ans de détention aux mains d'Aqmi.

La ministre nigérienne Aichatou Kané Boulama qui accompagnait Mme Elliott a, elle, déclaré à son propos: "elle est admirable. J'admire son courage. Je trouve qu'elle est comme toutes les femmes africaines".

"Qu'elle ait sa résidence à Djibo, son don de soi pour les populations de Djibo pendant quarante ans c'est formidable", a-t-elle conclu. "Le travail continue pour libérer son mari et, Inch'Allah, on va le libérer".

AFP