Face à Trump, les candidates donnent le coup d'envoi de la présidentielle 2020

Kamala Harris, la dernière élue américaine à déclarer sa candidature à la présidentielle de 2020, Des Moines, Iowa, le 22 octobre 2018.

Deux ans après l'arrivée du républicain Donald Trump à la Maison Blanche, les candidates démocrates se pressent déjà en nombre record pour le déloger en 2020. Et, pour elles, il ne fait aucun doute que les Américains seront prêts cette fois à élire une femme présidente.

C'est Elizabeth Warren (69 ans) qui a pris place la première dans les starting-blocks de la course démocrate vers la présidentielle, le 31 décembre. Et rapidement, trois autres élues sont entrées en piste: les sénatrices Kirsten Gillibrand (52 ans) et Kamala Harris (54 ans), ainsi que, plus loin dans les pronostics, l'élue de la Chambre des représentants Tulsi Gabbard (37 ans).

Du côté des hommes, les grands noms attendus - Joe Biden, Bernie Sanders, Beto O'Rourke ou Michael Bloomberg - ne sont toujours pas officiellement en lice. Les candidates du camp démocrate règnent donc sur les premiers jours de cette longue pré-campagne électorale.

Leur nombre est déjà "sans précédent historique", souligne Erin Cassese, professeure de sciences politiques à l'université du Delaware. Et une quatrième sénatrice, Amy Klobuchar, est aussi fortement pressentie.

Devant des partisanes en pleurs, la démocrate Hillary Clinton avait reconnu en 2016 sa défaite face à Donald Trump en regrettant de ne pas être parvenue à briser le fameux "plafond de verre" pour devenir la première présidente des États-Unis.

"Mais, un jour, quelqu'un le fera et, espérons-le, plus tôt qu'on ne l'imagine", avait-elle alors lancé, après une campagne marquée par les attaques sexistes. Son rival venait de l'emporter malgré des accusations de harcèlement sexuel et de nombreux commentaires qualifiés de misogynes.

"Si j'ai appris quelque chose, douloureusement, en 2016, c'est à quel point on appliquait des critères hideusement différents" à Hillary Clinton, confie Tim Kaine, son colistier en 2016.

"Nous avons donc encore un long chemin à parcourir pour que les femmes soient traitées comme elles le méritent" en politique, ajoute-t-il, tout en puisant de l'optimisme dans les élections parlementaires de novembre 2018, "qui ont démontré une grande énergie du côté des femmes candidates".

- "Double exigence" -

Plusieurs records ont en effet été pulvérisés à cette occasion, avec le plus grand nombre d'élues au Congrès américain mais aussi à l'échelle des assemblées des 50 États fédérés.

Et avec désormais au moins quatre candidates en lice pour la présidentielle de 2020, la parité avance à grands pas.

"Lorsqu'il n'y a qu'une seule femme candidate, on la confine dans une catégorie particulière, en la considérant un peu comme une anomalie", remarque Erin Cassese. Cette fois, ce sont les programmes des différents candidats qui passeront au premier plan, espère-t-elle.

Mais d'après elle, les candidates n'échapperont sans doute pas au lot de la plupart des femmes en politique: "Elles font face à la double exigence de devoir apparaître chaleureuses tout en semblant compétentes. (...) Or il est très difficile de faire ces deux choses à la fois".

Déjà, les candidates sont passées au crible du critère d'amabilité ("likability"), rarement appliqué aux candidats hommes mais auquel s'était heurtée Hillary Clinton, à qui certains reprochaient un manque de naturel.

Les candidates doivent en outre encore souvent "faire un calcul stratégique" en choisissant soit de mettre l'accent sur le fait qu'elles sont des femmes, soit de minimiser cet aspect de leur candidature. Difficile de dire lequel fonctionne le mieux.

Connue pour sa lutte contre le harcèlement sexuel, Kirsten Gillibrand s'est lancée en se présentant comme une "maman" prête à se battre pour les autres comme pour ses enfants. Son nom est souligné en rose sur le site en noir et blanc de sa campagne 2020.

Les autres insistent moins sur cet aspect, sans pour autant en faire un tabou.

Les États-Unis semblaient déjà prêts à élire une présidente en 2016, puisque Hillary Clinton avait remporté davantage de voix à l'échelle du pays, mais pas assez de suffrages chez les grands électeurs.